mee une bibliotheque qu'il n'etait alle voir qu'en se campant
artificiellement debout et dans une redingote comme un homme de Wells.
Par bonheur il avait rencontre Mme de Villeparisis chez elle et allait
voir le portrait.
Bloch lui coupa la parole.
--Vraiment, dit-il en repondant a ce que venait de dire Mme de
Villeparisis au sujet du protocole reglant les visites royales, je ne
savais absolument pas cela--comme s'il etait etrange qu'il ne le sut
pas.
--A propos de ce genre de visites, vous savez la plaisanterie stupide
que m'a faite hier matin mon neveu Basin? demanda Mme de Villeparisis a
l'archiviste. Il m'a fait dire, au lieu de s'annoncer, que c'etait la
reine de Suede qui demandait a me voir.
--Ah! il vous a fait dire cela froidement comme cela! Il en a de bonnes!
s'ecria Bloch en s'esclaffant, tandis que l'historien souriait avec une
timidite majestueuse.
--J'etais assez etonnee parce que je n'etais revenue de la campagne que
depuis quelques jours; j'avais demande pour etre un peu tranquille qu'on
ne dise a personne que j'etais a Paris, et je me demandais comment la
reine de Suede le savait deja, reprit Mme de Villeparisis laissant ses
visiteurs etonnes qu'une visite de la reine de Suede ne fut en
elle-meme rien d'anormal pour leur hotesse.
Certes si le matin Mme de Villeparisis avait compulse, avec l'archiviste
la documentation de ses Memoires, en ce moment elle en essayait a son
insu le mecanisme et le sortilege sur un public moyen, representatif de
celui ou se recruteraient un jour ses lecteurs. Le salon de Mme de
Villeparisis pouvait se differencier d'un salon veritablement elegant
d'ou auraient ete absentes beaucoup de bourgeoises qu'elle recevait et
ou on aurait vu en revanche telles des dames brillantes que Mme Leroi
avait fini par attirer, mais cette nuance n'est pas perceptible dans ses
Memoires, ou certaines relations mediocres qu'avait l'auteur
disparaissent, parce qu'elles n'ont pas l'occasion d'y etre citees; et
des visiteuses qu'il n'avait pas n'y font pas faute, parce que dans
l'espace forcement restreint qu'offrent ces Memoires, peu de personnes
peuvent figurer, et que si ces personnes sont des personnages princiers,
des personnalites historiques, l'impression maximum d'elegance que des
Memoires puissent donner au public se trouve atteinte. Au jugement de
Mme Leroi, le salon de Mme de Villeparisis etait un salon de troisieme
ordre; et Mme de Villeparisis souffrait du jugement de Mme L
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