cide a debarrasser le royaume des
heretiques qui l'encombrent.
--Je connais cette resolution, et vous m'en voyez tout heureux, madame,
bien qu'elle soit un peu tardive.
--Le roi est maitre de choisir son heure. Mieux que les intrigants et
les brouillons, il sait l'heure propice pour frapper les ennemis de
l'Eglise... et ceux du trone.
Guise ne sourcilla pas et continua de sourire.
--Le roi, reprit la reine, le roi peut-il compter sur votre concours?...
--Vous le savez bien, madame! Mon pere et moi nous avons assez fait pour
le salut de la religion pour que je puisse reculer au dernier moment.
--Bien, monsieur. De quelle besogne speciale voulez-vous vous charger?
--Je prends Coligny, dit froidement Guise; je pretends envoyer sa tete a
mon frere le cardinal.
Catherine palit. Cette tete, c'est elle qui avait promis de l'envoyer
aux inquisiteurs!
--Soit! dit-elle. Vous agirez au signal convenu: le tocsin de
Saint-Germain-l'Auxerrois.
--Est-ce tout, madame?
--C'est tout, dit Catherine. Pourtant, comme vous etes le rempart du
trone, je pretends vous montrer les precautions que j'ai prises pour le
cas ou le Louvre serait attaque par les parpaillots. Nancey!
Le capitaine des gardes de la reine parut aussitot.
--Nancey, demanda la reine, combien avons-nous d'arquebusiers en ce
moment dans le Louvre?
--Douze cents, madame.
Guise sourit.
--Et puis? reprit Catherine en le regardant de cote.
--Et puis, continua Nancey, nous avons deux mille Suisses, quatre cents
arbaletriers et mille cavaliers loges comme nous avons pu."
Cette fois, le front de Guise devint soucieux.
--Et puis? reprit la reine. Vous pouvez tout dire devant M. le duc, qui
est un fidele serviteur du roi.
--Et puis, enfin, nous avons douze canons...
--Les bombardes des jours de fete? insista Catherine.
--Non pas, madame: douze canons de bataille qui sont entres secretement
au Louvre la nuit derniere.
Guise palit. Il ne souriait plus. D'instinct, il se leva et prit une
attitude ou commencait a paraitre une nuance de respect.
--Achevez de rassurer M. le duc, dit Catherine. Que nous ont annonce les
messagers qui nous arrivent de puis trois jours?
--Mais, fit Nancey d'un air etonne, ces messagers annoncent simplement
que les ordres du roi s'executent et que chaque gouverneur a mis des
troupes en marche sur Paris...
--En sorte que?...
--En sorte que six mille cavaliers nous ont ete signales ce matin et
seront da
|