roulement ininterrompu qui venait
d'en haut leur fit lever les yeux vers le plafond.
Leurs cheveux se herisserent...
Le plafond s'etait mis a descendre!...
Il descendait tout d'une piece, d'un mouvement tres lent, mais continu.
Il s'abaissait...
La monstrueuse pyramide de fer en relief descendait vers la pyramide de
fer en creux...
Le bloc de fer rectangulaire s'abaissait pour aller s'encastrer dans la
fosse de fer...
Et eux?...
Eux!... Ils allaient bientot sentir peser sur leurs tetes la masse
formidable!
Alors, affoles, ils allaient chercher a gagner une minute de vie!
Comment?... En descendant vers la fosse.
Et, lorsqu'ils y seraient, la masse rectangulaire s'emboiterait dans
cette fosse...
Ils seraient ecrases par l'effroyable pression!
Et la rigole etait la pour recueillir leur sang!
La fosse etait la! Ils y descendraient surement, infailliblement! Elle
les fascinait. Elle les appelait. Elle les attirait comme le Maelstrom
de l'Ocean attire le vaisseau qui se debat en vain pour echapper a ses
mortelles etreintes!
Le grondement de la mecanique continuait.
Le plafond descendait.
Bientot, il se trouva a un pied de la tete du vieux Pardaillan, plus
grand que le chevalier.
Epouvante et delire"... Bientot, il ne fut qu'a un pouce!...
Bientot, il ne fut qu'a une ligne!...
Il toucha les cheveux... il atteignit le crane... le vieux routier
baissa la tete... la masse effroyable atteignit ses epaules... il
fallait descendre... descendre vers l'horreur... descendre vers la fosse
de fer!...
Terrible, les yeux exorbites, les veines des tempes gonflees a eclater,
le vieux incrusta ses pieds sur le sentier de fer, s'arc-bouta des
deux coudes a la muraille de fer, et, se raidissant dans un effort
titanesque, il voulut, oui, il voulut, de ses epaules, arreter la
descente du plafond de fer!...
Et l'impossible se realisa!
Le plafond s'arreta!...
Mais cela dura quelques secondes... le vieux haleta, son visage se
convulsa... le plafond se remit a descendre...
Alors, comme le fer touchait les epaules du chevalier, il s'arc-bouta a
son tour... il refit le prodige...
Et pendant que, de ses epaules, il suspendait un instant l'epouvantable
masse, sa parole, etrange, comme lointaine, descendit vers le vieux
routier...
--Mon pere, nous avons nos poignards... Quand je tomberai pres de vous,
il sera temps... mourons ensemble...
La seconde d'apres, l'irresistible force descendante
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