dans l'encadrement de la porte, emerveille par le spectacle
qu'il avait sous les yeux: Marie Touchet, assise pres d'une fenetre dont
les chassis leves laissaient entrer a flots l'air et la lumiere, etait
en deshabille du matin. Son sein etait nu. Et a ce sein se suspendait
l'enfant rose, joufflu ses deux petites mains pressant le beau sein
blanc qu'il tetait assidument, ses jambes en l'air se livrant a une
gymnastique de satisfaction. Marie le contemplait en souriant.
Enfin, l'enfant, repu sans doute, s'endormit tout a coup, une goutte de
lait au coin des levres.
Alors Marie Touchet se leva et le deposa doucement dans le berceau.
Et elle demeura la, le visage plein d'admiration.
A ce moment, Charles s'avanca sans bruit, la saisit par-derriere dans
ses bras et lui mit ses deux mains sur les yeux, en riant comme un gamin
qui fait une bonne farce.
Marie le reconnut aussitot, mais, se pretant au jeu de son amant, elle
s'ecria dans un joli rire:
--Qui est la? Quel vilain m'empeche de voir monsieur mon fils? Ah! c'est
trop fort. Je m'en plaindrai au roi.
--Plains-toi donc! fit Charles en otant ses mains. Et Marie, se jetant
dans ses bras, lui tendit ses levres en disant:
--Mon cher seigneur, le premier baiser pour moi... Et maintenant,
monsieur votre fils.
Le roi se pencha sur le berceau. Marie etait pres de lui, penchee aussi.
Les deux tetes se touchaient. Toutes les deux exprimaient la meme
admiration naive qui chez le roi, se nuancait d'etonnement... Quoi! ce
petit etre si fort si beau, c'est mon fils!... Le roi etait perplexe...
Il cherchait une place pour embrasser le petit sans l'eveiller et
finalement, n'osant pas, chercha les levres de Marie en disant:
--Tiens, donne-lui ce baiser... je pourrais lui faire mal, moi!
Marie Touchet deposa doucement ses levres sur le front de l'enfant.
Puis, tous deux, se relevant, gagnerent sur la pointe des pieds la salle
a manger ou le roi se jeta dans un fauteuil en disant:
--Je tombe de sommeil et de fatigue...
Marie Touchet s'etait assise sur ses genoux et caressait doucement les
cheveux de Charles.
--Raconte-moi tes peines, disait-elle. Comme tu es pale!... Qui t'a
encore tourmente?... J'espere que tu n'as pas eu de crise, au moins?...
--Eh bien, si, j'ai encore eu une crise, et elle a ete terrible... Ce
qui est affreux, vois-tu, c'est qu'il y a quelque chose de nouveau
dans mon mal... Je sens que mon esprit est atteint... ma cervelle se
detraque
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