e purent aboutir a
l'annulation du mariage. Elle recueillit seulement, comme pour attiser sa
colere, des renseignements fort peu edifiants sur les origines de cette
bru qui entrait subrepticement dans sa famille, sur le pere, Claude
Delaborde, oiselier au quai de la Megisserie, sur le grand-pere maternel,
un certain Cloquart, qui portait encore, par dela la Revolution, un grand
habit rouge et un chapeau a cornes, son costume de noces sous le regne de
Louis XV.
Cependant l'officier de l'etat civil, un maire a l'ame patriarcale,
tentait de calmer les inquietudes de madame Dupin. Il chargeait, selon ses
propres expressions, une personne intelligente et sure de penetrer, sous
un pretexte quelconque, dans l'interieur des jeunes epoux, et voici le
tableau qu'il en trace, d'apres ce temoin fidele: "On a trouve un local
extremement modeste, mais bien tenu, les deux jeunes gens ayant un
exterieur de decence et meme de distinction, la jeune mere au milieu de
ses enfants, allaitant elle-meme le dernier, et paraissant absorbee par
ces soins maternels; le jeune homme plein de politesse, de bienveillance
et de serenite... Enfin, quels qu'aient pu etre les antecedents de la
personne, antecedents que j'ignore entierement, sa vie est actuellement
des plus regulieres et denote meme une habitude d'ordre et de decence qui
n'aurait rien d'affecte. En outre, les deux epoux avaient entre eux le ton
d'intimite douce qui suppose la bonne harmonie, et, depuis des
renseignements ulterieurs, je me suis convaincu que _rien n'annonce_ que
votre fils ait a se repentir de l'union contractee."
Le maire termine par quelques paroles de condoleance, en prevoyant qu'un
jour ou l'autre le jeune homme se repentira d'avoir brise le coeur de sa
mere. Mais c'est sa premiere, sa seule faute. Elle est reparable, elle
comporte le pardon, et, au demeurant, le _ton qu'on a vu chez lui_ ne
justifie nullement les douloureux presages que madame Dupin avait concus.
Comme beaucoup de belles-meres, elle esperait que son fils serait
malheureux et lui reviendrait. Il n'en etait rien. Maurice n'avait d'autre
souci immediat que de chercher les voies d'une reconciliation malaisee. Il
finit par les decouvrir, sous une forme assez romanesque qui fut couronnee
de succes. Madame Dupin etait venue secretement a Paris, afin de consulter
M. de Seze et deux autres avocats celebres sur la validite du mariage. Ils
declarerent l'affaire _neuve_, comme toutes celles du meme genre qui
d
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