rore qui
assistait a la ceremonie, il resuma ainsi la doctrine de l'Eglise: "Ma
chere soeur, je serons tous pardonnes, parce que le bon Dieu nous aime et
sait bien que quand je nous repentons, c'est que je l'aimons." En aparte
madame Dupin dit a Aurore: "Je ne crois pas que ce brave homme ait eu le
pouvoir de me pardonner quoi que ce soit, mais je reconnais que Dieu a ce
pouvoir, et j'espere qu'il a exauce nos bonnes intentions a tous trois."
Au regard du monde elle etait en regle avec la divinite.
L'archeveque, pique de proselytisme, essaya de chapitrer la petite-fille
apres la grand'mere, en se promenant ou, nous dit George Sand, en roulant
comme une toupie a travers le jardin. Il eut moins de succes. "Fais ton
examen de conscience pour demain. Je parie que j'aurai a te laver la
tete." Elle refusa. Et lui de reprendre: "Qu'est-ce a dire, oison bride?
Mais voila l'heure du diner. J'ai une faim de chien. Depechons-nous de
rentrer." Enfin, comme la sottise n'excluait pas chez lui le fanatisme, il
se rendit a la bibliotheque la veille de son depart, brula et lacera des
livres heterodoxes. Deschartres l'arreta dans cette besogne.
Le spectacle de la confession de sa grand'mere avait attriste Aurore.
Elle-meme ne devait plus solliciter l'absolution, a la suite d'une
question indiscrete du cure de La Chatre qui, sur des bavardages de petite
ville, lui demanda si elle avait un commencement d'amour pour un jeune
homme. Elle quitta le confessionnal, et ne voulut pas davantage s'adresser
au vieux cure de Saint-Chartier qui, lorsqu'on s'attardait a enumerer des
peches, avait coutume de grommeler: "Tres bien, tres bien. Allons, est-ce
bientot fini?"
Pour occuper ses loisirs et detendre son imagination, elle s'adonna a
l'osteologie, a l'anatomie, avec Deschartres et un camarade qu'elle
appelle Claudius et qui leur apportait des tetes, des bras, des jambes,
voire un squelette entier de petite fille qu'elle garda longtemps sur sa
commode et qui lui causait des cauchemars. Alors elle mettait le squelette
a la porte de sa chambre, et s'endormait paisiblement. Il va sans dire
qu'a La Chatre on jasait de cette jeune fille qui etudiait des os de mort,
tirait au pistolet, chassait, et s'habillait en garcon. On pretendit
qu'elle profanait les hosties et qu'elle entrait a cheval dans l'eglise,
caracolant autour du maitre-autel, ou encore que la nuit elle deterrait
les cadavres.
Le 22 decembre 1821, madame Dupin succomba. Depuis le mois
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