ncs qui lui permit de regler son arriere,
d'avoir une servante et de s'accorder un peu plus d'aisance. En meme temps,
elle recut des propositions de collaboration reguliere a la _Revue de
Paris_ et a la _Revue des Deux Mondes_. Elle donna la preference a
celle-ci, dont Francois Buloz avait pris la direction en groupant autour
de lui les plus eminents litterateurs. A George Sand il assurait par
contrat une rente annuelle de quatre mille francs, en echange de
trente-deux pages d'ecriture toutes les six semaines. Vers cette epoque, a
la faveur du bien-etre qui arrivait, l'auteur d'_Indiana_ quitta le petit
logement au cinquieme du quai Saint-Michel, pour aller s'installer 19 quai
Malaquais. Le bonheur ne l'y suivit pas. Le 12 decembre 1832, elle ecrit a
Maurice: "Nous avons un appartement chaud comme une etuve; nous voyons de
grands jardins et nous n'entendons pas le moindre bruit du dehors. Le soir,
c'est silencieux et tranquille comme Nohant: c'est tres commode pour
travailler. Aussi je travaille beaucoup." Dans l'_Histoire de ma Vie_,
elle fournit quelques details complementaires: "Les grands arbres des
jardins environnants faisaient un epais rideau de verdure ou chantaient
les merles et ou babillaient les moineaux avec autant de laisser-aller
qu'en pleine campagne. Je me croyais donc en possession d'une retraite et
d'une vie conformes a mes gouts et a mes besoins. Helas! bientot je devais
soupirer, la comme partout, apres le repos, et bientot courir en vain,
comme Jean-Jacques, a la recherche d'une solitude." C'est, en effet, au
quai Malaquais que survint la rupture avec Jules Sandeau, qui avait ete
l'hote fort apprecie de la mansarde du quai Saint-Michel. La crise fut
soudaine. Au debut de 1833, George Sand eut l'idee de faire une aimable
surprise a Sandeau et de revenir de Nohant sans l'avertir. En arrivant au
logis, elle le trouva dans l'intime compagnie d'une blanchisseuse, Indiana
etait suppleee par Noun! Il se conduisait comme un simple Dudevant.
L'amour libre ne valait donc pas mieux que le mariage? Ce fut pour George
Sand un effondrement. Vainement celui qu'elle avait congedie essaya de
s'excuser et de rentrer en grace. Elle fut, a bon droit, inexorable. Et
voici comment elle econduisit ses supplications, le 15 avril 1833:
"Je veux croire votre lettre sincere, et, dans ce cas, l'absence pourra
seule vous guerir. Si, apres cette reponse, vous persistiez dans des
pretentions que je ne pourrais plus attribuer a la
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