e hantaient durant l'excursion a Franchard pres de Fontainebleau,
etait d'une humeur joyeuse et meme gamine, qui contrastait avec la
reverie sentimentale et lyrique de George Sand. Il atteste cette gaiete
naturelle dans la serie de dessins, de croquis et de caricatures que
possede M. de Spoelberch de Lovenjoul. On y voit de nombreuses esquisses
representant George Sand, "le nez legerement busque, la bouche sensuelle,
l'oeil imperieux"; un Merimee dedaigneux, avec cette legende: _Carvajal
renfoncant une expansion_; un Sainte-Beuve sournoisement paterne, orne de
cette devise: _le bedeau du temple de Gnide canonisant une demoiselle
infortunee_; un jeune homme a la chevelure ondee, a la redingote serree
comme autour d'un corset, qui figure Musset dessine par lui-meme, et
au-dessous: _Don Juan allant emprunter dix sous pour payer son ideale et
enfoncer Byron_; enfin un oeil, une bouche, une meche de cheveux, une
verrue ou se herisse un poil, un bonnet grec, le tout symbolisant Francois
Buloz, avec ce commentaire: _Fragments de la Revue trouves dans une caisse
vide_. Suivent des types humoristiques, comme ceux qui illustreront les
_Comedies et Proverbes_, et qui sont ici denommes: "Le chevalier _Colombat
du Roseau vert_, l'abbe _Potiron de Vent du soir_, le baron _Pretextat de
Clair de lune_, le marquis _Gerondif de Pimprenelle_."
Tous ces croquis et nombre d'autres sont reunis dans un album qui a
appartenu a George Sand. Sur le premier feuillet figure une inscription,
sinueuse et desordonnee, ainsi concue:
"_Le public est prie de ne pas se meprendre.
Ceci est l'album de George Sand,
Le receptacle informe de ses aberrations mentales
Et autres.
Je soussigne, Mussaillon Ier,
Declare que mon album n'est pas si cochonne que ca.
Celui qui a inscrit son nom
Sur ce stupide album n'est qu'un vil facetieux.
Il est vexant d'etre accuse des turpitudes de George Sand_
MUSSAILLON Ier."
Ce temperament d'enfant gate, a la fantaisie debridee et maladive, aux
soubresauts nerveux et convulsifs, presque hysteriques, s'accordait, au
debut, avec les instincts maternels de George Sand. Il avait de soudains
caprices qu'il fallait immediatement satisfaire. Autour de lui, dans sa
famille, on avait pris l'habitude de lui ceder. Pourtant, le projet ou
plutot l'idee fixe du voyage en Italie rencontra une resistance inusitee.
Sur ce point, Paul de Musset semble avoir dit vrai dans la _Biographie_,
quand il relate qu'aux premie
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