ographie, le
1er juin 1848, apres avoir participe aux evenements de la Revolution qui
renversa Louis-Philippe et avoir collabore, aupres de Ledru-Rollin,
fondateur du suffrage universel, aux circulaires du gouvernement
provisoire. Il en resulte une evolution de sa pensee, une volte-face
analogue a celle qu'on remarque, au regard de M. Thiers, dans les volumes
de l'_Histoire du Consulat et de l'Empire_ posterieurs au Deux Decembre.
"J'ai beaucoup appris, declare George Sand, beaucoup vecu, beaucoup
vieilli durant ce court intervalle... Si j'eusse fini mon livre avant
cette Revolution, c'eut ete un autre livre, celui d'un solitaire, d'un
enfant genereux, j'ose le dire, car je n'avais etudie l'humanite que sur
des individus souvent exceptionnels et toujours examines par moi a loisir.
Depuis j'ai fait, de l'oeil, une campagne dans le monde des faits, et je
n'en suis point revenue telle que j'y etais entree. J'y ai perdu les
illusions de la jeunesse, que par un privilege du a ma vie de retraite et
de contemplation, j'avais conservees plus tard que de raison."
Ces illusions, nous les connaitrons mieux et pourrons en apprecier la
persistance, en repassant avec George Sand les peripeties de ses premieres
annees et les hasards d'une education ou se heurterent les influences
rivales de sa mere et de son aieule.
Madame Dupin, en depit des frequents voyages que son fils faisait a Nohant,
n'avait appris de lui ni le mariage avec madame Delaborde ni la naissance
de l'enfant survenue le 12 messidor. C'est seulement vers la fin de
brumaire an XIII (novembre 1804) qu'elle concut des soupcons et voulut les
eclaircir. L'_Histoire de ma Vie_ rapporte les deux lettres qu'elle
adressa au maire du cinquieme arrondissement: "J'ai de fortes raisons,
ecrivait-elle, pour craindre que mon fils unique ne se soit recemment
marie a Paris sans mon consentement. Je suis veuve; il a vingt-six ans; il
sert, il s'appelle Maurice-Francois-Elisabeth Dupin. La personne avec
laquelle il a pu contracter mariage a porte differents noms; celui que je
crois le sien est Victoire Delaborde. Elle doit etre un peu plus agee que
mon fils--(elle avait effectivement trente ans),--tous deux demeurent
ensemble rue Meslay, n deg. 15... Cette fille ou cette femme, car je ne sais
de quel nom l'appeler, avant de s'etablir dans la rue Meslay, demeurait en
nivose dernier rue de la Monnaie, ou elle tenait une boutique de modes."
Les lettres ni les demarches de madame Dupin n
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