musc ou le benjoin. Il y a peut-etre la quelque exageration
systematique. A l'epoque ou George Sand faisait ces declarations, elle
etait ferue de socialisme, voire meme de communisme; car le mot de
collectivisme n'etait pas encore a la mode. Et elle ecrivait: "L'idee
communiste a beaucoup de grandeur, parce qu'elle a beaucoup de verite."
A Nohant et a Paris, vers 1814, Aurore entendait, tantot sa mere faire
l'eloge de l'Empereur--et madame Sand a toujours conserve des sympathies
napoleoniennes,--tantot sa grand'mere, les _vieilles comtesses_ et
Deschartres raconter sur lui les anecdotes les plus invraisemblables. Il
avait battu l'imperatrice, arrache la barbe du Saint-Pere, crache a la
figure de M. Cambaceres. Le fils de Marie-Louise etait mort en venant au
monde, et on lui avait substitue l'enfant d'un boulanger. Voila de quelles
billevesees se repaissaient les habitues des salons royalistes.
La premiere communion de son frere Hippolyte frappa l'imagination
d'Aurore. La ceremonie eut lieu a la paroisse voisine de Saint-Chartier,
celle de Nohant etant supprimee. Le cure de Saint-Chartier etait bien le
pretre le plus etrange et le plus paysan qui se put concevoir. Bonhomme et
terre a terre, il se souciait beaucoup moins de l'Evangile que des
interets temporels de ses ouailles et des profits de son ministere. Entre
beaucoup, George Sand nous a transmis l'un de ses sermons: "Mes chers amis,
voila que je recois un mandement de l'archeveque qui nous prescrit encore
une procession. Monseigneur en parle bien a son aise! Il a un beau
carrosse pour porter sa Grandeur, et un tas de personnages pour se donner
du mal a sa place; mais moi, me voila vieux, et ce n'est pas une petite
besogne que de vous ranger en ordre de procession. La plupart de vous
n'entendent ni a _hue_ ni a _dia_. Vous vous poussez, vous vous marchez
sur les pieds, vous vous bousculez pour entrer ou pour sortir de l'eglise,
et j'ai beau me mettre en colere, jurer apres vous, vous ne m'ecoutez
point, et vous vous comportez comme des veaux dans une etable. Il faut que
je sois a tout dans ma paroisse et dans mon eglise. C'est moi qui suis
oblige de faire toute la police, de gronder les enfants et de chasser les
chiens. Or je suis las de toutes ces processions qui ne servent a rien du
tout pour votre salut et pour le mien. Le temps est mauvais, les chemins
sont gates, et si Monseigneur etait oblige de patauger comme nous deux
heures dans la boue avec la pluie sur
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