commandait, etait trop faible et trop peu intelligent pour le
reorganiser.
La surete de Paris etait donc livree au hasard, et d'une part la commune,
de l'autre la populace, y pouvaient tout entreprendre. Parmi les
depouilles de la royaute, les plus precieuses, et par consequent les plus
convoitees, etaient celles que renfermait le Garde-Meuble, riche depot de
tous les effets qui servaient autrefois a la splendeur du trone. Depuis le
10 aout, ce depot avait eveille la cupidite de la multitude, et plus d'une
circonstance excitait la surveillance de l'inspecteur de l'etablissement.
Celui-ci avait fait requisitions sur requisitions pour obtenir une garde
suffisante; mais soit desordre, soit difficulte de suffire a tous les
postes, soit enfin negligence volontaire, on ne lui fournissait point les
forces qu'il demandait. Pendant la nuit du 16 septembre, le Garde-Meuble
fut vole, et la plus grande partie de ce qu'il contenait passa dans des
mains inconnues, que l'autorite fit depuis d'inutiles efforts pour
decouvrir. On attribua ce nouvel evenement aux hommes qui avaient
secretement ordonne les massacres. Cependant ils n'etaient plus excites
ici ni par le fanatisme, ni par une politique sanguinaire; et, en leur
supposant le motif du vol, ils avaient dans les depots de la commune de
quoi satisfaire la plus grande ambition. On a dit, a la verite, qu'on fit
cet enlevement pour payer la retraite du roi de Prusse, ce qui est
absurde, et pour fournir aux depenses du parti, ce qui est plus
vraisemblable, mais ce qui n'est nullement prouve. Au reste, le vol du
Garde-Meuble doit peu influer sur le jugement qu'il faut porter de la
commune et de ses chefs. Il n'en est pas moins vrai que, depositaire de
valeurs immenses, la commune n'en rendit jamais aucun compte; que les
scelles apposes sur les armoires furent brises, sans que les serrures
fussent forcees, ce qui indique une soustraction et point un pillage
populaire, et que tant d'objets precieux disparurent a jamais. Une partie
fut impudemment volee par des subalternes, tels que Sergent, surnomme
_Agathe_ a cause d'un bijou precieux dont il s'etait pare; une autre
partie servit aux frais du gouvernement extraordinaire qu'avait institue
la commune. C'etait une guerre faite a l'ancienne societe, et toute guerre
est souillee du meurtre et du pillage.
Telle etait la situation de Paris, pendant qu'on faisait les elections
pour la convention nationale. C'etait de cette nouvelle assemblee
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