ient pas faches d'ajourner l'energie, et de pouvoir
dire aux girondins que leurs accusations etaient hasardees. Ils ne se
montraient encore que raisonnables et impartiaux, parfois un peu jaloux de
l'eloquence trop frequente et trop brillante du cote droit; mais bientot,
en presence de la tyrannie, ils allaient devenir faibles et laches. On
les nomma _la Plaine_, et par opposition on appela _Montagne_ le cote
gauche, ou tous les jacobins s'etaient amonceles les uns au-dessus des
autres. Sur les degres de cette Montagne, on voyait les deputes de Paris
et ceux des departemens qui devaient leur nomination a la correspondance
des clubs, ou qui avaient ete gagnes, depuis leur arrivee, par l'idee
qu'il ne fallait faire aucun quartier aux ennemis de la revolution. On y
comptait aussi quelques esprits distingues, mais exacts, rigoureux,
positifs, auxquels les theories et la philanthropie des girondins
deplaisaient comme de vaines abstractions. Cependant les montagnards
etaient peu nombreux encore. La Plaine, unie au cote droit, composait une
majorite immense, qui avait donne la presidence a Petion, et qui
approuvait les attaques des girondins contre septembre, sauf les
personnalites, qui semblaient trop precoces et trop peu fondees [1].
[Note 1: Voyez un extrait des _Memoires de Garat_ a la fin du volume.]
On avait passe a l'ordre du jour sur les accusations reciproques des deux
partis; mais on avait maintenu le decret de la veille, et trois objets
demeuraient arretes: 1 deg. demander au ministere de l'interieur un compte
exact et fidele de l'etat de Paris; 2 deg. rediger un projet de loi contre les
provocateurs au meurtre et au pillage; 3 deg. aviser au moyen de reunir autour
de la convention une garde departementale. Quant au rapport sur l'etat de
Paris, on savait avec quelle energie et dans quel sens il serait fait,
puisqu'il etait confie a Roland: la commission chargee des deux projets
contre les provocations ecrites et pour la composition d'une garde, ne
donnait pas moins d'espoir, puisqu'elle etait toute composee de girondins:
Buzot, Lasource, Kersaint, en faisaient partie.
C'est surtout contre ces deux derniers projets que les montagnards etaient
le plus souleves. Ils demandaient si on voulait renouveler la loi martiale
et les massacres du Champ-de-Mars, si la convention voulait se faire des
satellites et des gardes-du-corps, comme le dernier roi. Ils renouvelaient
ainsi, comme le disaient les girondins, toutes les rai
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