oyait
apercevoir dans cette innovation un resultat de la defiance des girondins
contre lui. Cependant c'etait une creation faite de bonne foi, et
approuvee par tous les cotes, sans aucune intention de parti.
Pache, en ministre patriote et ferme, aurait du chercher a satisfaire le
general pour le conserver a la republique. Pour cela il aurait fallu
examiner ses demandes, voir ce qu'il y avait de juste, y faire droit,
repousser le reste, et conduire toute chose avec autorite et vigueur, de
maniere a empecher les reproches, les disputes et la confusion. Loin de
la, Pache, accuse deja de faiblesse par les girondins, et mal dispose pour
eux, laissa se heurter entre eux le general, les girondins et la
convention. Au conseil, il faisait part des lettres irreflechies ou
Dumouriez se plaignait ouvertement des defiances des ministres girondins a
son egard; a la convention, il faisait connaitre les demandes imperieuses,
a la suite desquelles Dumouriez offrait sa demission en cas de refus. Ne
blamant rien, mais n'expliquant rien, et affectant dans ses rapports une
fidelite scrupuleuse, il laissa produire a chaque chose ses plus facheux
effets. Les girondins, la convention, les jacobins, chacun fut irrite a sa
maniere de la hauteur du general. Cambon tonna contre Malus, d'Espagnac et
Petit-Jean, cita les prix de leurs marches, qui etaient excessifs, peignit
le luxe desordonne de d'Espagnac, les anciennes malversations de
Petit-Jean, et les fit decreter tous trois par l'assemblee. Il pretendit
que Dumouriez etait entoure d'intrigans dont il fallait le delivrer; il
soutint que le comite des achats etait une excellente institution; que
prendre les objets de consommation sur le theatre de la guerre, c'etait
priver les ouvriers francais de travail, et les exposer aux mutineries de
l'oisivete; que, quant aux assignats, il n'etait nullement necessaire
d'user d'adresse pour les faire circuler; que le general avait tort de ne
pas les faire recevoir d'autorite, et de ne pas transporter en Belgique la
revolution tout entiere avec son regime, ses systemes et ses monnaies; et
que les Belges, auxquels on donnait la liberte, devaient en accepter les
avantages et les inconveniens. A la tribune de la convention, Dumouriez ne
fut guere considere que comme dupe par ses agens; mais, aux Jacobins et
dans la feuille de Marat, il fut dit tout uniment qu'il etait d'accord
avec eux, et qu'il recevait une part des benefices, ce dont on n'avait
d'autre preuve
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