de. La posterite vous jugera avec
une severite inflexible; conservez donc la dignite et l'impassibilite qui
conviennent a des juges. Souvenez-vous du silence terrible qui accompagna
Louis, ramene de Varennes."
Louis parait a la barre vers deux heures et demie. Le maire et les
generaux Santerre et Wittengoff sont a ses cotes. Un silence profond regne
dans l'assemblee. La dignite de Louis, sa contenance tranquille, dans une
aussi grande infortune, touchent tout le monde. Les deputes du milieu sont
emus. Les girondins eprouvent un profond attendrissement. Saint-Just,
Robespierre, Marat, sentent defaillir eux-memes leur fanatisme, et
s'etonnent de trouver un homme dans le roi dont ils demandent le supplice.
"Asseyez-vous, dit Barrere a Louis, et repondez aux questions qui vont
vous etre adressees." Louis s'assied, et entend la lecture de l'acte
enonciatif, article par article. La, toutes les fautes de la cour etaient
rappelees et rendues personnelles a Louis XVI. On lui reprochait
l'interruption des seances le 20 juin 1789, le lit de justice tenu le
23 du meme mois, la conspiration aristocratique dejouee par l'insurrection
du 14 juillet, le repas des gardes-du-corps, les outrages faits a la
cocarde nationale, le refus de sanctionner la declaration des droits,
ainsi que les divers articles constitutionnels; tous les faits enfin qui
manifestaient une nouvelle conspiration en octobre, et qui furent suivis
des scenes des 5 et 6; les discours de reconciliation qui avaient suivi
toutes ces scenes, et qui promettaient un retour qui n'etait pas sincere;
le faux serment prete a la federation du 14 juillet; les menees de Talon
et de Mirabeau pour operer une contre-revolution; l'argent donne pour
corrompre une foule de deputes; la reunion des chevaliers du poignard le
28 fevrier 1791; la fuite a Varennes; la fusillade du Champ-de-Mars; le
silence garde sur la convention de Pilnitz; le retard apporte a la
promulgation du decret qui reunissait Avignon a la France; les mouvemens
de Nimes, Montauban, Mende, Jalles; la continuation de paie accordee aux
gardes-du-corps emigres et a la garde constitutionnelle licenciee; la
correspondance secrete avec les princes emigres; l'insuffisance des armees
reunies sur la frontiere; le refus de sanctionner le decret pour le camp
de vingt mille hommes; le desarmement de toutes les places fortes;
l'annonce tardive de la marche des Prussiens; l'organisation de compagnies
secretes dans l'interieur de Par
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