des amis que jamais il ne
pourrait condamner ce malheureux prince, Vergniaud, a l'aspect de cette
scene desordonnee, croit voir la guerre civile en France, et prononce un
arret de mort, en y ajoutant neanmoins l'amendement de Mailhe. On
l'interroge sur son changement d'opinion, et il repond qu'il a cru voir la
guerre civile prete a eclater, et qu'il n'a pas ose mettre en balance la
vie d'un individu avec le salut de la France.
Presque tous les girondins adopterent l'amendement de Mailhe. Un depute
dont le vote excita surtout une vive sensation, fut le duc d'Orleans.
Oblige de se rendre supportable aux jacobins ou de perir, il prononca la
mort de son parent, et retourna a sa place au milieu de l'agitation causee
par son vote. Cette triste seance dura toute la nuit du 16, et toute la
journee du 17, jusqu'a sept heures du soir. On attendait le recensement
des voix avec une impatience extraordinaire. Les avenues etaient remplies
d'une foule immense, au milieu de laquelle on se demandait de proche en
proche le resultat du scrutin. Dans l'assemblee on etait incertain encore,
et on croyait avoir entendu les mots de _reclusion_ ou de _bannissement_
proferes aussi souvent que celui _la mort_. Suivant les uns, il manquait
un suffrage pour la condamnation; suivant les autres, la majorite
existait, mais elle n'etait que d'une seule voix. De toutes parts enfin,
on disait qu'un seul avis pouvait decider la question, et on regardait
avec anxiete si un votant nouveau n'arrivait pas. En ce moment parait a la
tribune un homme qui s'avance, avec peine, et dont la tete enveloppee
annonce un malade. C'est Duchastel, depute des Deux-Sevres, qui s'est
arrache de son lit pour venir donner son vote. A cette vue, des cris
tumultueux s'elevent. On pretend que des machinateurs sont alles le
chercher pour sauver Louis XVI. On veut l'interroger, mais l'assemblee s'y
refuse, et lui donne la faculte de voter en vertu de la decision qui
admettait le suffrage apres l'appel nominal. Duchastel monte avec fermete
a la tribune, et au milieu de l'attente universelle prononce le
bannissement.
De nouveaux incidens se succedent. Le ministre des affaires etrangeres
demande la parole pour communiquer une note du chevalier d'Ocariz,
ambassadeur d'Espagne. Il offrait la neutralite de l'Espagne, et sa
mediation aupres de toutes les puissances, si on laissait la vie a
Louis XVI. Les montagnards impatiens pretendent que c'est un incident
combine pour faire naitre d
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