, je n'ai pas l'habitude de la parole... Je vois avec
douleur qu'on me refuse le temps de rallier mes idees sur la maniere de
compter les voix... J'ai beaucoup reflechi autrefois sur ce sujet; j'ai
beaucoup d'observations a vous communiquer... mais... Citoyens...
pardonnez mon trouble... accordez-moi jusqu'a demain pour vous presenter
mes idees."
L'assemblee est emue a la vue des larmes et des cheveux blanchis de ce
venerable vieillard, "Citoyens, dit Vergniaud aux trois defenseurs, la
convention a entendu vos reclamations; elles etaient pour vous un devoir
sacre. Veut-on, ajoute-t-il en s'adressant a l'assemblee, decerner les
honneurs de la seance aux defenseurs de Louis?"--Oui, oui, s'ecrie-t-on a
l'unanimite.
Robespierre prend aussitot la parole, et rappelant le decret rendu contre
l'appel au peuple, repousse la demande des defenseurs. Guadet veut que,
sans admettre l'appel au peuple, on accorde vingt-quatre heures a
Malesherbes. Merlin de Douai soutient qu'il n'y a rien a dire sur la
maniere de compter les voix, car, si le code penal qu'on invoque exige les
deux tiers des voix pour la declaration du fait, il n'exige que la simple
majorite pour l'application de la peine. Or, dans le cas actuel, la
culpabilite a ete declaree a la presque unanimite des voix; et des lors
peu importe que pour la peine on n'ait obtenu que la simple majorite.
D'apres ces diverses observations, la convention passe a l'ordre du jour
sur les reclamations des defenseurs, declare nul l'appel de Louis, et
renvoie au lendemain la question du sursis. Le lendemain 18, on pretend
que l'enumeration des votes ne s'est pas faite exactement, et on demande
qu'elle soit recommencee. Toute la journee se passe en contestations;
enfin le calcul est reconnu exact, et on est oblige de remettre au jour
suivant la question du sursis.
Le 19 enfin, on agite cette derniere question. C'etait remettre en
probleme tout le proces, car un delai etait pour Louis XVI la vie meme.
Aussi, apres avoir epuise toutes les raisons, en discutant la peine et
l'appel, les girondins et ceux qui voulaient sauver Louis XVI ne savaient
plus quels moyens employer; ils alleguerent encore des raisons politiques;
mais on leur repondit que si Louis XVI etait mort, on s'armerait pour le
venger; que s'il etait vivant et detenu, on s'armerait encore pour le
delivrer, et que par consequent les resultats seraient les memes. Barrere
pretendit qu'il etait indigne de promener ainsi une tete
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