chevaux mouraient de faim faute de fourrages,
et ceux de l'artillerie avaient peri presque tous. Les privations, le
ralentissement de la guerre, ayant degoute les soldats, tous les
volontaires partaient en bandes, s'appuyant sur un decret qui declarait
que la patrie avait cesse d'etre en danger. Il fallut un autre decret de
la convention pour empecher la desertion, et quelque severe qu'il fut, la
gendarmerie placee sur les routes suffisait a peine a arreter les fuyards.
L'armee etait reduite d'un tiers. Ces causes reunies empecherent de
poursuivre les Autrichiens avec toute la vivacite necessaire. Clerfayt
avait eu le temps de se retrancher sur les bords de l'Erft, Beaulieu du
cote de Luxembourg; et il etait impossible a Dumouriez, avec une armee
reduite a trente ou quarante mille hommes, de chasser devant lui un ennemi
retranche dans des montagnes et des bois; et appuye sur Luxembourg, l'une
des plus fortes places du monde. Si, comme on le repetait sans cesse,
Custine, au lieu de faire des courses en Allemagne, se fut rabattu sur
Coblentz, s'il s'etait joint a Beurnonville pour prendre Treves, et que
tous deux eussent ensuite descendu sur le Rhin, Dumouriez s'y serait porte
de son cote par Cologne; tous trois se donnant ainsi la main, Luxembourg
se serait trouve investi, et serait tombe par defaut de communications.
Mais rien de tout cela n'avait eu lieu. Custine, voulant attirer la guerre
de son cote, ne fit que provoquer inutilement une declaration de la diete
imperiale, qu'irriter la vanite du roi de Prusse, et l'engager davantage
dans la coalition; Beurnonville, reduit a ses propres forces, n'avait pu
faire tomber Treves et l'ennemi s'etait maintenu a la fois dans
l'electorat de Treves et dans le duche de Luxembourg. En cet etat de
choses, Dumouriez, en s'avancant vers le Rhin, aurait decouvert son flanc
droit et ses derrieres, et n'aurait pu d'ailleurs, dans la situation ou se
trouvait son armee, envahir le pays immense qui s'etend de la Meuse
jusqu'au Rhin et jusqu'aux frontieres de la Hollande, pays difficile, sans
moyens de transports, coupe de bois, de montagnes, et occupe par un ennemi
encore respectable. Certes Dumouriez, s'il en avait eu les moyens, aurait
bien mieux aime faire des conquetes sur le Rhin que venir solliciter a
Paris pour Louis XVI. Le zele pour la royaute, qu'il s'est attribue a
Londres pour se faire valoir, et que les jacobins lui ont impute a Paris
pour le perdre, n'etait pas assez grand pou
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