s
agitateurs du 10 mars, pour intimider les girondins et vaincre leur
resistance. Il est certain du moins qu'il ne s'empressa pas de desavouer
les auteurs du trouble, et qu'on le vit au contraire renouveler ses
instances pour qu'on organisat le gouvernement d'une maniere prompte et
terrible.
Quoi qu'il en soit, il fut convenu que les aristocrates etaient les
provocateurs secrets de ces mouvemens; tout le monde le crut ou feignit de
le croire. Vergniaud, dans un discours d'une entrainante eloquence, ou il
denonca toute la conspiration, le supposa ainsi: il fut blame a la verite
par Louvet, qui aurait voulu qu'on attaquat plus directement les jacobins;
mais il obtint que le premier soin du tribunal extraordinaire serait de
poursuivre les auteurs du 10 mars. Le ministre de la justice, charge de
faire un rapport sur les evenemens, declara qu'il n'avait trouve nulle
part le comite revolutionnaire auquel on les attribuait, qu'il n'avait
apercu que des emportemens de clubs, et des propositions faites dans un
mouvement d'enthousiasme. Tout ce qu'il avait decouvert de plus precis
etait une reunion, au cafe Corrazza, de quelques membres des cordeliers.
Ces membres des cordeliers etaient Lasouski, Fournier, Gusman, Desfieux,
Varlet, agitateurs ordinaires des sections. Ils se reunissaient apres les
seances pour s'entretenir de sujets politiques. Personne n'attacha
d'importance a cette revelation; et, comme on supposait des trames bien
plus profondes, la reunion au cafe Corrazza, de quelques individus aussi
subalternes, ne parut que ridicule.
FIN DU TOME TROISIEME.
NOTES ET PIECES JUSTIFICATIVES[1] DU TOME TROISIEME.
[Note 1: J'ai cru devoir ajouter des notes qui me semblent utiles, soit
comme eclaircissemens de faits peu connus et mal apprecies, soit comme
monument d'un style et d'un langage aujourd'hui tout a fait oublies, et
cependant tres caracteristiques. Ces morceaux sont empruntes pour la
plupart a des sources entierement negligees, et surtout aux discussions
des Jacobins, monument politique tres rare et tres curieux.]
NOTE PAGE 47.
(Extrait des _Memoires de Garat_.)
Voici le tableau que le ministre Garat, l'homme qui a le mieux observe les
personnages de la revolution, a trace des deux cotes de la convention.
"C'est dans le cote droit de la convention qu'etaient presque tous les
hommes dont je viens de parler; je ne pouvais y voir un autre genie que
celui que je leur avais connu. La, je voyais
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