ce etait mal entouree; un homme
entre autres, dont le nom seul est devenu une injure, dont le nom seul
jette l'epouvante dans l'ame de tous les citoyens paisibles, semblait
s'etre empare de sa direction et de ses mouvemens; assidu a toutes les
conferences, il s'immiscait dans toutes les affaires; il parlait, il
ordonnait en maitre; je m'en plaignis hautement a la commune, et je
terminai mon opinion par ces mots: _Marat est ou le plus insense ou le
plus scelerat des hommes_. Depuis je n'ai jamais parle de lui.
"La justice etait lente a prononcer sur le sort des detenus, et ils
s'entassaient de plus en plus dans les prisons. Une section vint en
deputation au conseil de la commune le 23 aout et declara formellement que
les citoyens, fatigues, indignes des retards que l'on apportait dans les
jugemens, forceraient les portes de ces asiles, et immoleraient a leur
vengeance les coupables qui y etaient renfermes... Cette petition, concue
dans les termes les plus delirans, n'eprouva aucune censure; elle recut
meme des applaudissemens!
"Le 25, mille a douze cents citoyens armes sortirent de Paris pour enlever
les prisonniers d'etat detenus a Orleans, et les transferer ailleurs.
"Des nouvelles facheuses vinrent encore augmenter l'agitation des esprits:
on annonca la trahison de Longwy, et, quelques jours apres, le siege de
Verdun.
"Le 27, l'assemblee nationale invita le departement de Paris et ceux
environnans a fournir trente mille hommes armes pour voler aux frontieres:
ce decret imprima un nouveau mouvement qui se combina avec ceux qui
existaient deja.
"Le 31, l'absolution de Montmorin souleva le peuple; le bruit se repandit
qu'il avait ete sauve par la perfidie d'un commissaire du roi, qui avait
induit les jures en erreur.
"Dans le meme moment, on publia la revelation d'un complot, faite par un
condamne, complot tendant a faire evader tous les prisonniers, qui
devaient ensuite se repandre dans la ville, s'y livrer a tous les exces et
enlever le roi.
"L'effervescence etait a son comble. La commune, pour exciter
l'enthousiasme des citoyens, pour les porter en foule aux enrolemens
civiques, avait arrete de les reunir avec appareil au Champ-de-Mars au
bruit du canon.
"Le 2 septembre arrive: le canon d'alarme tire; le tocsin sonne... O jour
de deuil! A ce son lugubre et alarmant, on se rassemble, on se precipite
dans les prisons, on egorge, on assassine! Manuel, plusieurs deputes de
l'assemblee nationale, se rende
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