tout ou
il a respire. Rabaut, traitre comme un protestant et comme un philosophe
qu'il est, n'a pas ete assez habile pour nous cacher sa correspondance
avec le courtisan et le traitre Montesquiou; il y a six mois qu'ils
travaillent ensemble a ouvrir la Savoie et la France aux Piemontais.
Servan n'a ete nomme general de l'armee des Pyrenees que pour livrer les
clefs de la France aux Espagnols. Enfin, voila Dumouriez qui ne menace
plus la Hollande, mais Paris; et quand ce charlatan d'heroisme est venu
ici, _ou je voulais le faire arreter_, ce n'est pas avec la Montagne qu'il
a dine tous les jours, mais bien avec les ministres et avec les
girondins.--Trois ou quatre fois chez moi, par exemple.--Je suis _bien
las de la revolution_, je suis malade: jamais la patrie ne fut dans de
plus grands dangers, et je doute qu'elle s'en tire. Eh bien! avez-vous
encore envie de rire et de croire que ce sont la d'honnetes gens, de bons
republicains?--Non, je ne suis plus tente de rire, mais j'ai peine a
retenir les larmes qu'il faut verser sur la patrie, lorsqu'on voit ses
legislateurs en proie a des soupcons si affreux sur des fondemens si
miserables. Je suis sur que rien de ce que vous soupconnez n'est reel;
mais je suis plus sur encore que vos soupcons sont un danger tres-reel et
tres-grand. Tous ces hommes a peu pres sont vos ennemis, mais aucun,
excepte Dumouriez, n'est l'ennemi de la republique; et si de toutes parts
vous pouviez etouffer vos haines, la republique ne courrait plus aucun
danger.--N'allez-vous pas me proposer de refaire la motion de l'eveque
Lamourette?--Non; j'ai assez profite des lecons au moins que vous m'avez
donnees; et les trois assemblees nationales ont pris la peine de
m'apprendre que les meilleurs patriotes haissent encore plus leurs ennemis
qu'ils n'aiment leur patrie. Mais j'ai une question a vous faire, et je
vous prie de vous recueillir avant de me repondre: N'avez-vous aucun doute
sur tout ce que vous venez de me dire?--Aucun.--Je le quittai et me
retirai dans un long etonnement et dans une grande epouvante de ce que je
venais d'entendre.
"Quelques jours apres, je sortais du conseil executif; je rencontre
Salles, qui sortait de la convention nationale. Les circonstances
devenaient de plus en plus menacantes. Tous ceux qui avaient quelque
estime les uns pour les autres ne pouvaient se voir sans se sentir presses
du besoin de s'entretenir de la chose publique.
"Eh bien! dis-je a Salles en l'abordant, n'
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