s, et parlant
de lui avec peu de reserve; ne connaissant point les convenances, et
nuisant par cela meme aux causes qu'il defend, voulant par-dessus tout
les faveurs du peuple, lui faisant sans cesse la cour, et cherchant avec
affectation ses applaudissemens: c'est la, c'est surtout cette derniere
faiblesse qui, percant dans les actes de sa vie publique, a pu faire
croire que Robespierre aspirait a de hautes destinees, et qu'il voulait
usurper le pouvoir dictatorial.
"Quant a moi, je ne puis me persuader que cette chimere ait serieusement
occupe ses pensees, qu'elle ait ete l'objet de ses desirs et le but de son
ambition.
"Il est un homme cependant qui s'est enivre de cette idee fantastique, qui
n'a cesse d'appeler la dictature sur la France comme un bienfait, comme la
seule domination qui put nous sauver de l'anarchie qu'il prechait, qui put
nous conduire a la liberte et au bonheur! Il sollicitait ce pouvoir
tyrannique, pour qui? Vous ne voudrez jamais le croire; vous ne connaissez
pas assez tout le delire de sa vanite; il le sollicitait pour lui! Oui,
pour lui Marat! Si sa folie n'etait pas feroce, il n'y aurait rien d'aussi
ridicule que cet etre, que la nature semble avoir marque tout expres du
sceau de sa reprobation."
NOTE 4, PAGE 211.
Parmi les opinions les plus curieuses exprimees sur Marat et Robespierre,
il ne faut pas omettre celle qui fut emise par la societe des jacobins
dans la seance du dimanche 23 decembre 1792. Je ne connais rien qui
peigne mieux l'esprit et les dispositions du moment que la discussion qui
s'eleva sur le caractere de ces deux personnages. En voici un extrait:
"Desfieux donne lecture de la correspondance. Une lettre d'une societe,
dont le nom nous a echappe, donne lieu a une grande discussion propre a
faire naitre des reflexions bien importantes. Cette societe annonce a la
societe-mere qu'elle est invariablement attachee aux principes des
jacobins; elle observe qu'elle ne s'est point laisse aveugler par les
calomnies repandues avec profusion contre Marat et Robespierre, et qu'elle
conserve toute son estime et toute sa veneration pour ces deux
incorruptibles amis du peuple.
"Cette lettre a ete vivement applaudie, mais elle a ete suivie d'une
discussion que Brissot et Gorsas, qui sont aussi surement des prophetes,
avaient annoncee la veille.
"_Robert_. Il est bien etonnant que l'on confonde toujours les noms de
Marat et de Robespierre. Combien l'esprit public est-il cor
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