dirais a Louvet qu'il est par trop fort qu'il vous croie un royaliste;
mais a vous, je crois devoir vous dire que Louvet n'est pas plus royaliste
que vous. Vous ressemblez dans vos querelles aux molinistes et aux
jansenistes, dont toute la dispute roulait sur la maniere dont la grace
divine opere dans nos ames, et qui s'accusaient reciproquement de ne pas
croire en Dieu.--S'ils ne sont pas royalistes, pourquoi donc ont-ils tant
travaille a sauver la vie d'un roi? Je parie que vous etiez aussi, vous,
pour la grace, pour la clemence...
Eh! qu'importe quel principe rendait la mort du tyran juste et necessaire?
vos girondins, votre Brissot et vos appelans au peuple ne la voulaient
pas. Ils voulaient donc laisser a la tyrannie tous les moyens de se
relever?--J'ignore si l'intention des _appelans au peuple_ etait
d'epargner la peine de mort a Capet: _l'appel au peuple_ m'a toujours paru
imprudent et dangereux; mais je concois comment ceux qui l'ont vote ont pu
croire que la vie de Capet prisonnier pourrait etre, au milieu des
evenemens, plus utile que sa mort; je concois comment ils ont pu penser
que l'appel au peuple etait un grand moyen d'honorer une nation
republicaine aux yeux du monde entier, en lui donnant l'occasion d'exercer
elle-meme un grand acte de generosite par un acte de souverainete.--C'est
assurement preter de belles intentions a des mesures que vous n'approuvez
pas, et a des hommes qui conspirent de toutes parts.--Et ou donc
conspirent-ils?--Partout: dans Paris, dans toute la France, dans toute
l'Europe. A Paris, Gensonne conspire dans le faubourg Saint-Antoine, en
allant, de boutique en boutique, persuader aux marchands que nous autres
patriotes, nous voulons piller leurs magasins; la Gironde a forme depuis
long-temps le projet de se separer de la France pour se reunir a
l'Angleterre; et les chefs de sa deputation sont eux-memes les auteurs de
ce plan, qu'ils veulent executer a tout prix: Gensonne ne le cache pas; il
dit a qui veut l'entendre qu'ils ne sont pas ici des representans de la
nation, mais les plenipotentiaires de la Gironde. Brissot conspire dans
son journal, qui est un tocsin de guerre civile; on sait qu'il est alle en
Angleterre, et on sait aussi pourquoi il y est alle; nous n'ignorons pas
ses liaisons intimes avec le ministre des affaires etrangeres, avec ce
Lebrun, qui est un Liegeois et une creature de la maison d'Autriche. Le
meilleur ami de Brissot c'est Claviere, et Claviere a conspire par
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