ne puis me dispenser de
declarer, pour l'intelligence des operations de la convention et la
connaissance des escamoteurs de decrets, que dans l'auguste compagnie
etaient Kersaint, le grand faiseur de Lebrun, et Roland, Lasource...
Chenier, tous suppots de la faction de la republique federative; Dulaure
et Gorsas, leurs galopins libellistes. Comme il y avait cohue, je n'ai
distingue que ces conjures; peut-etre etaient-ils en plus grand nombre: et
comme il etait de bonne heure encore, il est probable qu'ils n'etaient pas
tous rendus, car les Vergniaud, les Buzot, les Camus, les Rabaut, les
Lacroix, les Guadet, les Barbaroux et autres meneurs, etaient sans doute
de la fete, puisqu'ils sont du conciliabule.
"Avant de rendre compte de notre entretien avec Dumouriez, je m'arrete ici
un instant pour faire, avec le lecteur judicieux, quelques observations
qui ne seront pas deplacees. Concoit-on que ce generalissime de la
republique, qui a laisse echapper le roi de Prusse a Verdun, et qui a
capitule avec l'ennemi, qu'il pouvait forcer dans ses camps et reduire a
mettre bas les armes, au lieu de favoriser sa retraite, ait choisi un
moment aussi critique pour abandonner les armees sous ses ordres, courir
les spectacles, s'y faire applaudir, et se livrer a des orgies chez un
acteur avec des nymphes de l'Opera?
"Dumouriez a couvert les motifs secrets qui l'appellent a Paris du
pretexte de concerter avec les ministres le plan des operations de la
campagne. Quoi! avec un Roland, frere coupe-choux et petit intrigant qui
ne connait que les basses menees du mensonge et de l'astuce! avec un
Lepage, digne acolyte de Roland son protecteur! avec un Claviere, qui ne
connait que les rubriques de l'agiotage! avec un Garat, qui ne connait que
les phrases precieuses et le manege d'un flagorneur academique! Je ne
dirai rien de Monge; on le croit patriote; mais il est aussi ignorant des
operations militaires que ses collegues, qui n'y entendent rien. Dumouriez
est venu se concerter avec les meneurs de la clique qui cabale pour
etablir la republique federative; voila l'objet de son equipee.
"En entrant dans le salon ou le festin etait prepare, je m'apercus tres
bien que ma presence troublait la gaiete; ce qu'on n'a pas de peine a
concevoir quand on considere que je suis l'epouvantail des ennemis de la
patrie. Dumouriez surtout paraissait deconcerte; je le priai de passer
avec nous dans une autre piece, pour l'entretenir quelques momens en
part
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