e du 29 octobre 1792_.
"Il est un autre moyen que je crois utile et qui produira un plus grand
effet: presque toujours, lorsqu'une vaste intrigue a voulu se nouer, elle
a eu besoin de puissance; elle a du faire de grands efforts pour
s'attacher un grand credit personnel. S'il existait un homme qui eut tout
vu, tout apprecie dans l'un et l'autre parti, vous ne pourriez douter que
cet homme, ami de la verite, ne fut tres propre a la faire connaitre: eh
bien! je propose que vous invitiez cet homme, membre de votre societe, a
prononcer sur les crimes qu'on impute aux patriotes; forcez sa vertu a
dire tout ce qu'il a vu: cet homme, c'est Petion. Quelque condescendance
que l'homme puisse avoir pour ses amis, j'ose dire que les intrigans n'ont
point corrompu Petion; il est toujours pur, il est sincere je le dis ici;
je vais lui parler souvent, a la convention, dans les momens d'explosion,
et s'il ne me dit pas toujours qu'il gemit, je vois qu'il gemit
interieurement: ce matin, il voulait monter a la tribune. Il ne peut pas
vous refuser d'ecrire ce qu'il pense, et nous verrons si, malgre que
j'evente ce moyen-la, les intrigans peuvent le detourner. Observez,
citoyens, que cette demarche seule prouvera que vous ne voulez que la
verite; c'est un hommage que vous rendez a la vertu d'un bon patriote,
avec d'autant plus de motifs, que les meneurs se sont enveloppes de sa
vertu pour etre quelque chose. Je demande que la motion soit mise aux
voix." (_Applaudi_.)
_Legendre_. "Le coup etait monte, il etait clair: la distribution du
discours de Brissot, le rapport du ministre de l'interieur, le discours de
Louvet dans la poche, tout cela prouve que la partie etait faite. Le
discours de Brissot sur la radiation contient tout ce qu'a dit Louvet: le
rapport de Roland etait pour fournir a Louvet une occasion de parler.
J'approuve la motion de Fabre: la convention va prononcer. Robespierre a
la parole pour lundi: je demande que la societe suspende sa decision: il
est impossible que dans un pays libre la vertu succombe sous le crime."
Apres cette citation, je crois devoir placer le morceau que Petion ecrivit
relativement a la dispute engagee entre Louvet et Robespierre; c'est, avec
les morceaux extraits de Garat, celui qui renferme les renseignemens les
plus precieux sur la conduite et le caractere des hommes de ce temps, et
ce sont ceux que l'histoire doit conserver comme les plus capables de
repandre des idees justes sur cette epoque.
|