s a la maison commune: les membres de l'ancienne
municipalite, qui n'avaient pas desempare pendant la nuit, etaient encore
en seance a neuf heures et demie du matin.
"Ces commissaires concurent neanmoins une grande idee, et prirent une
mesure hardie en s'emparant de tous les pouvoirs municipaux, et en se
mettant a la place d'un conseil general dont ils redoutaient la faiblesse
et la corruption; ils exposerent courageusement leur vie dans le cas ou le
succes ne justifierait pas l'entreprise.
"Si ces commissaires eussent eu la sagesse de savoir deposer a temps leur
autorite, de rentrer au rang de simples citoyens apres la belle action
qu'ils avaient faite, ils se seraient couverts de gloire; mais ils ne
surent pas resister a l'attrait du pouvoir, et l'envie de dominer
s'empara d'eux.
"Dans les premiers momens d'ivresse de la conquete de la liberte, et apres
une commotion aussi violente, il etait impossible que tout rentrat a
l'instant dans le calme et dans l'ordre accoutume; il eut ete injuste de
l'exiger: on fit alors au nouveau conseil de la commune des reproches qui
n'etaient pas fondes; ce n'etait connaitre ni sa position ni les
irconstances; mais ces commissaires commencerent a les meriter lorsqu'ils
prolongerent eux-memes le mouvement revolutionnaire au-dela du terme.
"L'assemblee nationale s'etait prononcee; elle avait pris un grand
caractere, elle avait rendu des decrets qui sauvaient l'empire, elle avait
suspendu le roi, elle avait efface la ligne de demarcation qui separait
les citoyens en deux classes, elle avait appele la convention! Le parti
royaliste etait abattu: il fallait des lors se rallier a elle, la
fortifier de l'opinion, l'environner de la confiance: le devoir et la
saine politique le voulaient ainsi.
"La commune trouva plus grand de rivaliser avec l'assemblee; elle etablit
une lutte qui n'etait propre qu'a jeter de la defaveur sur tout ce qui
s'etait passe, qu'a faire croire que l'assemblee etait sous le joug
irresistible des circonstances; elle obeissait ou resistait aux decrets
suivant qu'ils favorisaient ou contrariaient ses vues; elle prenait, dans
ses representations au corps legislatif, des formes imperieuses et
irritantes, elle affectait la puissance, et ne savait ni jouir de ses
triomphes, ni se les faire pardonner.
"On etait parvenu a persuader aux uns que tant que l'etat revolutionnaire
durait, le pouvoir etait remonte a sa source, que l'assemblee nationale
etait sans caractere
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