. A ce cote gauche allaient encore chercher un asile
plutot qu'une place plusieurs de ces deputes qui, ayant ete eleves dans
les castes proscrites de la noblesse et du sacerdoce, quoique toujours
purs, etaient toujours exposes aux soupcons, et fuyaient au haut de la
Montagne l'accusation de ne pas atteindre a la hauteur des principes: la,
allaient se nourrir de leurs soupcons, et vivre au milieu des fantomes,
ces caracteres graves et melancoliques qui, ayant apercu trop souvent la
faussete unie a la politesse, ne croient a la vertu que lorsqu'elle est
sombre, et a la liberte que lorsqu'elle est farouche; la siegeaient
quelques esprits qui avaient pris dans les sciences exactes de la raideur
en meme temps que de la rectitude; qui, fiers de posseder des lumieres
immediatement applicables aux arts mecaniques, etaient bien aises de se
separer par leur place, comme par leur dedain, de ces hommes de lettres,
de ces philosophes dont les lumieres ne sont pas si promptement utiles aux
tisserands et aux forgerons, et n'arrivent aux individus qu'apres avoir
eclaire la societe tout entiere: la enfin devaient aimer a voter, quels
que fussent d'ailleurs leur esprit et leurs talens, tous ceux qui, par les
ressorts trop tendus de leur caractere, etaient disposes a aller au-dela
plutot qu'a rester en-deca de la borne qu'il fallait marquer a l'energie
et a l'elan revolutionnaire.
"Telle etait l'idee que je me formais des _elemens_ des deux cotes de la
convention nationale.
"A juger chaque cote par la majorite de ses elemens, tous les deux, dans
des genres et dans des degres differens, devaient me paraitre capables de
rendre de grands services a la republique: le cote droit pour organiser
l'interieur avec sagesse et avec grandeur; le cote gauche pour faire
passer, de leurs ames dans l'ame de tous les Francais, ces passions
republicaines et populaires si necessaires a une nation assaillie de
toutes parts par la meute des rois et par la soldatesque de l'Europe."
NOTE 1, PAGE 75.
_Discours de Collot-d'Herbois a Dumouriez, apres la campagne de l'Argonne,
extrait du_ Journal des Jacobins. (_Seance du dimanche 14 octobre, l'an
1er de la republique_.)
"Je voulais parler de nos armees, et je me felicitais d'en parler en
presence du soldat que vous venez d'entendre. Je voulais blamer la reponse
du president: deja j'ai dit plusieurs fois que le president ne doit jamais
repondre aux membres de la societe; mais il a repondu a tous le
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