'emparant de tous les bateaux qu'il
put trouver, et en reunissant des charpentiers pour se composer une
flottille. Cependant il avait besoin de se hater, car l'armee hollandaise
se reunissait a Gorkum, au Stry et a l'ile de Dort; quelques chaloupes
ennemies et une fregate anglaise menacaient son embarquement, et
canonnaient son camp, appele par nos soldats le camp des Castors. Ils
avaient en effet construit des huttes de paille, et, encourages par la
presence de leur general, ils bravaient le froid, les privations, les
dangers, l'avenir d'une entreprise aussi audacieuse, et ils attendaient
avec impatience le moment de passer sur la rive opposee. Le 3 mars, le
general Deflers arriva avec une nouvelle division; le 4, Gertruydenberg
ouvrit ses portes, et tout fut prepare pour operer le passage du Bielbos.
Pendant ce temps, la lutte continuait entre les deux partis de
l'interieur. La mort de Lepelletier avait deja donne occasion aux
montagnards de se dire menaces dans leurs personnes, et on n'avait pu leur
refuser de renouveler dans l'assemblee le comite de surveillance. Ce
comite avait ete compose de montagnards qui, pour premier acte, firent
arreter Gorsas, depute et journaliste attache aux interets de la Gironde.
Les jacobins avaient encore obtenu un autre avantage, c'etait la
suspension des poursuites decretees le 20 janvier contre les auteurs de
septembre. A peine ces poursuites avaient-elles ete commencees, qu'on
decouvrit des preuves accablantes contre les principaux revolutionnaires,
et contre Danton lui-meme. Alors les jacobins s'etaient souleves, avaient
soutenu que tout le monde etait coupable dans ces journees, parce que tout
le monde les avait crues necessaires, et les avait souffertes; ils oserent
meme dire que le seul tort de ces journees etait d'etre restees
incompletes; et ils demanderent la suspension des procedures dont on se
servait pour attaquer les plus purs revolutionnaires. Conformement a leurs
demandes, les procedures furent suspendues, c'est-a-dire abolies, et une
deputation de jacobins s'etait aussitot rendue aupres du ministre de la
justice, pour qu'il depechat des courriers extraordinaires, a l'effet
d'arreter les poursuites deja commencees contre les _freres de Meaux_.
On a deja vu que Pache avait ete oblige de quitter le ministere, et que
Roland avait donne volontairement sa demission. Cette concession
reciproque ne calma point les haines. Les jacobins peu satisfaits
demandaient qu'on instru
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