lle insurrection. Il dit que, le tyran etant renverse, cette seconde
insurrection ne pouvait se diriger que contre le peuple, qui actuellement
regnait seul; que, s'il y avait de mauvais depute, il fallait les
souffrir, comme on avait souffert Maury et Cazales; que Paris n'etait pas
toute la France, et devait accepter les deputes des departemens; que,
quant au ministre de la guerre, s'il avait fait des destitutions, il en
avait le droit, puisqu'il etait responsable pour ses agens... Qu'a Paris,
quelques hommes ineptes et egares croyaient pouvoir gouverner, et
desorganiseraient tout; qu'enfin il allait mettre la force sur pied, et
ramener les malveillans a l'ordre...
De son cote Beurnonville, dont l'hotel etait cerne, franchit les murailles
de son jardin, reunit le plus de monde qu'il put, se mit a la tete du
bataillon de Brest, et imposa aux agitateurs. La section des
Quatre-Nations, les cordeliers, les jacobins, rentrerent chez eux. Ainsi
la resistance de la commune, la conduite de Santerre, le courage de
Beurnonville et des Brestois, peut-etre aussi la pluie qui tombait avec
abondance, empecherent les progres de l'insurrection. D'ailleurs la
passion n'etait pas encore assez forte contre ce qu'il y avait de plus
noble, de plus genereux dans la republique naissante. Petion, Condorcet,
Vergniaud, allaient montrer quelque temps encore dans la convention leur
courage, leurs talens et leur entrainante eloquence. Tout se calma. Le
maire, appele a la barre de la convention, la rassura, et dans cette nuit
meme on acheva paisiblement le decret qui organisait le tribunal
revolutionnaire. Ce tribunal etait compose d'un jury, de cinq juges, d'un
accusateur public et de deux adjoints, tous nommes par la convention. Les
jures devaient etre choisis avant le mois de mai, et provisoirement ils
pouvaient etre pris dans le departement de Paris et les qautre departemens
voisins. Les jures devaient opiner a haute voix.
La consequence de l'evenement du 10 mars fut de reveiller l'indignation
des membres du cote droit, et de causer de l'embarras a ceux du cote
gauche, compromis par ces demonstrations prematurees. De toutes parts on
desavouait ce mouvement comme illegal, comme attentatoire a la
representation nationale. Ceux meme qui ne desapprouvaient pas l'idee
d'une nouvelle insurrection, condamnaient celle-ci comme mal conduite, et
recommandaient de se garder des desorganisateurs payes par l'emigration et
l'Angleterre pour provoquer des d
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