grands dangers, on
parvint a se rejoindre a Saint-Tron. Lamarliere et Champmorin, places a
Ruremonde, eurent le temps de se rendre par Dietz au meme point. Stengel
et Neuilly, tout a fait separes de l'armee et rejetes vers le Limbourg,
furent recueillis a Namur par la division du general d'Harville. Enfin,
ralliees a Tirlemont, nos troupes reprirent un peu de calme et
d'assurance, et attendirent l'arrivee de Dumouriez, qu'on redemandait
a grands cris.
A peine avait-il appris cette premiere deroute, qu'il avait ordonne a
Miranda de rallier tout son monde a Maestricht et d'en continuer
tranquillement le siege avec soixante-dix mille hommes. Il etait persuade
que les Autrichiens n'oseraient pas livrer bataille, et que l'invasion de
la Hollande ramenerait bientot les coalises en arriere. Cette opinion
etait juste, et fondee sur cette idee vraie, que, dans le cas d'une
offensive reciproque, la victoire reste a celui qui sait attendre
davantage. Le plan si timide des Imperiaux, qui ne voulaient percer sur
aucun point, justifiait pleinement cette maniere de voir; mais
l'insouciance des generaux, qui ne s'etaient pas concentres assez tot,
leur trouble apres l'attaque, l'impossibilite ou ils etaient de se rallier
en presence de l'ennemi, et surtout l'absence d'un homme superieur en
autorite et en influence, rendaient impossible l'execution de l'ordre
donne par Dumouriez. On lui ecrivit donc lettres sur lettres pour le faire
revenir de Hollande. La terreur etait devenue generale; plus de dix mille
deserteurs avaient deja abandonne l'armee, et s'etaient repandus vers
l'interieur. Les commissaires de la convention coururent a Paris, et
firent intimer a Dumouriez l'ordre de laisser a un autre l'expedition
tentee sur la Hollande, et de revenir au plus tot se mettre a la tete de
la grande armee de la Meuse. Il recut cet ordre le 8 mars, et partit le 9,
avec la douleur de voir tous ses projets renverses. Il revint, plus
dispose que jamais a tout critiquer dans le systeme revolutionnaire
introduit en Belgique, et a s'en prendre aux jacobins du mauvais succes de
ses plans de campagne. Il trouva en effet matiere a se plaindre et a
blamer. Les agens du pouvoir executif en Belgique exercaient une autorite
despotique et vexatoire. Ils avaient partout souleve la populace, et
souvent employe la violence dans les assemblees ou se decidait la reunion
a la France. Ils s'etaient empares de l'argenterie des eglises, ils
avaient sequestre les reven
|