t fait de meme chez l'editeur de la
_Chronique_, dont ils avaient aussi ravage l'imprimerie.
La journee du lendemain 10 menacait d'etre encore plus orageuse. C'etait
un dimanche. Un repas etait prepare a la section de la Halle-aux-Bles,
pour y feter les enroles qui devaient partir pour l'armee; l'oisivete du
peuple jointe a l'agitation d'un festin, pouvait conduire aux plus mauvais
projets. La salle de la convention fut aussi remplie que la veille. Dans
les tribunes, a la Montagne, les rangs etaient aussi serres et aussi
menacans. La discussion s'ouvre sur plusieurs objets de detail. On
s'occupe d'une lettre de Dumouriez. Robespierre appuie les propositions du
general, et demande la mise en accusation de Lanoue et de Stengel, tous
deux commandant a l'avant-garde, lors de la derniere deroute. L'accusation
est aussitot portee. Il s'agit ensuite de faire partir les deputes
commissaires pour le recrutement. Cependant leur vote etant necessaire
pour assurer l'etablissement du tribunal extraordinaire, on decide de
l'organiser dans la journee, et de depecher les commissaires le lendemain.
Cambaceres demande aussitot et l'organisation du tribunal extraordinaire,
et celle du ministere. Buzot s'elance alors a la tribune; et il est
interrompu par des murmures violens. "Ces murmures, s'ecrie-t-il,
m'apprennent ce que je savais deja, qu'il y a du courage a s'opposer au
despotisme qu'on nous prepare." Nouvelle rumeur. Il continue: "Je vous
abandonne ma vie, mais je veux sauver ma memoire du deshonneur, en
m'opposant au despotisme de la convention nationale. On veut que vous
confondiez dans vos mains tous les pouvoirs.--Il faut agir et non
bavarder, s'ecrie une voix.--Vous avez raison, reprend Buzot; les
publicistes de la monarchie ont dit aussi qu'il fallait agir, et que par
consequent le gouvernement despotique d'un seul etait le meilleur..." Un
nouveau bruit s'eleve, la confusion regne dans l'assemblee; enfin on
convient d'ajourner l'organisation du ministere et de ne s'occuper
actuellement que du tribunal extraordinaire. On demande le rapport du
comite. Ce rapport n'est pas fait, mais a defaut on demande le projet dont
on est convenu. Robert Lindet en fait la lecture en deplorant sa severite.
Voici ce qu'il propose du ton de la douleur la plus vive: le tribunal sera
compose de neuf juges, nommes par la convention, independans de toute
forme, acquerant la conviction par tous les moyens, divises en deux
sections toujours permanentes
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