si les
perturbateurs ne trouverent aucun obstacle, et purent passer des menaces
aux violences et au pillage. Le rassemblement commenca dans les rues de la
Vieille-Monnaie, des Cinq-Diamans et des Lombards. On exigea d'abord que
tous les objets fussent reduits a moitie prix; le savon a seize sous, le
sucre a vingt-cinq, la cassonade a quinze, la chandelle a treize. Une
grande quantite de denrees furent forcement arrachees a ce taux, et le
prix en fut compte par les acheteurs aux epiciers. Mais bientot on ne
voulut plus payer, et on enleva les marchandises sans donner en echange
aucune partie de leur valeur. La force armee accourue sur un point fut
repoussee, et on cria de tous cotes: _A bas les baionnettes_! L'assemblee,
la commune, les Jacobins, etaient en seance. L'assemblee ecoutait un
rapport sur ce sujet; le ministre de l'interieur lui demontrait que les
denrees abondaient dans Paris, mais que le mal provenait de la
disproportion entre la valeur du numeraire et celle des denrees
elles-memes. Aussitot l'assemblee, voulant parer aux difficultes du
moment, alloua de nouveaux fonds a la commune, pour faire delivrer des
subsistances a meilleur prix. Dans le meme instant, la commune, partageant
ses sentimens et son zele, se faisait rapporter les evenemens, et
ordonnait des mesures de police. A chaque nouveau fait qu'on venait lui
denoncer, les tribunes criaient _tant mieux_! A chaque moyen propose,
elles criaient _a bas_! Chaumette et Hebert etaient hues pour avoir
propose de battre la generale et de requerir la force armee. Cependant il
fut arrete que deux fortes patrouilles, precedees de deux officiers
municipaux, seraient envoyees pour retablir l'ordre, et que vingt-sept
autres officiers municipaux iraient faire des proclamations dans les
sections.
Le desordre s'etait propage, on pillait dans differentes rues, et on
proposait meme de passer des epiciers chez les marchands. Pendant ce
temps, des gens de tous les partis saisissaient l'occasion de se reprocher
ce desordre, et les maux qui en etaient la cause. "Quand vous aviez un
roi, disaient dans les rues les partisans du regime aboli, vous n'etiez
pas reduits a payer les choses aussi cher, ni exposes a des pillages.
--Voila, disaient les partisans des girondins, ou nous conduiront le
systeme de la violence et l'impunite des exces revolutionnaires."
Les montagnards en etaient desoles, et soutenaient que c'etaient des
aristocrates deguises, des fayettistes, des roland
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