Brestois, dont la ferme contenance avait arrete les
pillages. A defaut de garde departementale, ils avaient essaye en vain de
transporter la direction de la force publique de la commune au ministere
de l'interieur. La Montagne, furieuse, avait intimide la majorite, et
l'avait empechee de voter une pareille mesure. Deja meme on ne comptait
plus que sur quatre-vingts deputes inaccessibles a la crainte et fermes
dans les deliberations. Dans cet etat de choses, il ne restait aux
girondins qu'un moyen, aussi impraticable que tous les autres, celui de
dissoudre la convention. Ici encore les fureurs de la Montagne les
empechaient d'obtenir une majorite. Dans ces incertitudes, qui provenaient
non pas de faiblesse, mais d'impuissance, ils se reposaient sur la
constitution. Par le besoin d'esperer quelque chose, ils se flattaient que
le joug des lois enchainerait les passions, et mettrait fin a tous les
orages. Les esprits speculatifs aimaient surtout a se reposer sur cette
idee.
Condorcet avait lu son rapport au nom du comite de constitution, et il
avait excite un soulevement general. Condorcet, Petion, Sieyes, furent
charges d'imprecations aux Jacobins. On ne vit dans leur republique qu'une
aristocratie toute faite pour quelques talens orgueilleux et despotiques.
Aussi les montagnards ne voulaient plus qu'on s'en occupat, et beaucoup de
membres de la convention, sentant deja que leur occupation ne serait pas
de constituer, mais de defendre la revolution, disaient hardiment qu'il
fallait renvoyer la constitution a l'annee suivante, et pour le moment ne
songer qu'a gouverner et se battre. Ainsi le long regne de cette orageuse
assemblee commencait a s'annoncer; elle cessait deja de croire a la
brievete de sa mission legislative; et les girondins voyaient s'evanouir
leur derniere esperance, celle d'enchainer promptement les factions avec
des lois.
Leurs adversaires n'etaient au reste pas moins embarrasses. Ils avaient
bien pour eux les passions violentes; ils avaient les jacobins, la
commune, la majorite des sections; mais ils ne possedaient pas les
ministeres, ils redoutaient les departemens, ou les deux opinions
s'agitaient avec une extreme fureur, et ou la leur avait un desavantage
evident; ils craignaient enfin l'etranger, et quoique les lois ordinaires
des revolutions assurassent la victoire aux passions violentes, ces lois,
a eux inconnues, ne pouvaient les rassurer. Leurs projets etaient aussi
vagues que ceux de leurs adv
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