isit le proces de Roland. Ils disaient qu'il avait
ravi a l'etat des sommes enormes, et place a Londres plus de douze
millions; que ses richesses etaient employees a pervertir l'opinion par
des ecrits, et a exciter des seditions, en accaparant des grains; ils
voulaient qu'on instruisit aussi contre Claviere, Lebrun et Beurnonville,
tous traitres, suivant eux, et complices des intrigues des girondins. En
meme temps, ils preparaient un dedommagement bien autrement precieux a
leur, complaisant destitue. Chambon, le successeur de Petion dans la
mairie de Paris, avait abdique des fonctions trop au-dessus de sa
faiblesse. Les jacobins songerent aussitot a Pache, auquel ils trouverent
le caractere sage et impassible d'un magistrat. Ils s'applaudirent de
cette idee, la communiquerent a la commune, aux sections, a tous les
clubs, et les Parisiens entraines par eux vengerent Pache de sa disgrace
en le nommant leur maire. Pourvu que Pache fut aussi docile a la mairie
qu'au ministere de la guerre, la domination des jacobins etait assuree
dans Paris, et dans ce choix ils avaient consulte autant leur utilite que
leurs passions.
La difficulte des subsistances et les embarras du commerce etaient
toujours des sujets continuels de desordre et de plaintes, et de decembre
en fevrier, le mal s'etait considerablement accru. La crainte des troubles
et du pillage, la repugnance des cultivateurs a recevoir du papier, la
cherte des prix provenant de la grande abondance du numeraire fictif,
etaient, comme nous l'avons dit, les causes qui empechaient le facile
commerce des grains, et produisaient la disette. Cependant les efforts
administratifs des communes suppleaient, jusqu'a un certain point, a
l'activite du commerce, et les denrees ne manquaient pas dans les marches,
mais elles y etaient d'un prix exorbitant. La valeur des assignats
diminuant chaque jour en raison de leur masse, il en fallait toujours
davantage pour acquerir la meme somme d'objets, et c'est ainsi que les
prix devenaient excessifs. Le peuple, ne recevant que la meme valeur
nominale pour son travail, ne pouvait plus atteindre aux objets de ses
besoins, et se repandait en plaintes et en menaces. Le pain n'etait pas
la seule chose dont le prix fut excessivement augmente: le sucre, le cafe,
la chandelle, le savon, avaient double de valeur. Les blanchisseuses
etaient venues se plaindre a la convention de payer trente sous le savon,
qu'elles ne payaient autrefois que quatorze. En vai
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