venir. Mais, place a Anvers, Dumouriez en concut un troisieme,
plus hardi, plus prompt, plus convenable a l'imagination revolutionnaire,
et plus fecond en resultats decisifs, s'il eut reussi. Tandis que ses
lieutenans, Miranda, Valence, Dampierre et autres, descendraient la Meuse,
en occupant Maestricht, dont on n'avait pas voulu s'emparer l'annee
precedente, et Venloo, qui ne devait pas resister long-temps, Dumouriez
avait le projet de prendre avec lui vingt-cinq mille hommes, et de
se porter furtivement entre Berg-op-Zoom et Breda, d'arriver ainsi au
Moerdik, de traverser la petite mer du Bielbos, et de courir par les
embouchures des fleuves jusqu'a Leyde et Amsterdam. Ce plan audacieux
n'etait pas moins fonde que beaucoup d'autres qui ont reussi; et, s'il
etait hasardeux, il offrait cependant de bien plus grands avantages que
celui d'attaquer directement par Venloo et Nimegue. En prenant ce dernier
parti, Dumouriez attaquait de front les Hollandais, qui avaient deja fait
tous leurs preparatifs entre Grave et Gorkum, et il leur donnait meme le
temps de se renforcer d'Anglais et de Prussiens. Au contraire, en passant
par l'embouchure des fleuves, il penetrait par l'interieur de la Hollande,
qui n'etait pas defendu, et s'il surmontait l'obstacle des eaux, la
Hollande etait a lui. En revenant d'Amsterdam, il prenait les defenses a
revers, et faisait tout tomber entre lui et ses lieutenans, qui devaient
le joindre par Nimegue et Utrecht.
Il etait naturel qu'il prit le commandement de l'armee d'expedition, parce
que c'etait la qu'il fallait le plus de promptitude, d'audace et
d'habilete.
Ce projet avait le danger de tous les plans d'offensive, c'etait de
s'exposer soi-meme a l'invasion en se decouvrant. Ainsi la Meuse restait
ouverte aux Autrichiens; mais, dans le cas d'une offensive reciproque,
l'avantage reste a celui qui resiste le mieux au danger, et cede le moins
vite a la terreur de l'invasion.
Dumouriez envoya sur la Meuse Thouvenot dans lequel il avait toute
confiance; il fit connaitre a ses lieutenans Valence et Miranda les
projets qu'il leur avait caches jusque-la; il leur enjoignit de hater les
sieges de Maestricht et de Venloo, et, en cas de retard, de se succeder
devant ces places, de maniere a faire toujours des progres vers Nimegue.
Il leur recommanda encore de fixer des points de ralliement autour de
Liege et d'Aix-la-Chapelle, afin de reunir les quartiers disperses, et de
pouvoir resister a l'ennemi,
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