r le faire renoncer a des
victoires, et venir se compromettre au milieu des factions de la capitale.
Il ne quitta le champ de bataille que parce qu'il n'y pouvait plus rien
faire, et parce qu'il voulait, par sa presence aupres du gouvernement,
terminer les difficultes qu'on lui avait suscitees en Belgique.
On a deja vu au milieu de quels embarras allait le placer sa conquete. Le
pays conquis desirait une revolution, mais ne la voulait pas entiere et
radicale comme la revolution de France. Dumouriez, par gout, par
politique, par raison de prudence militaire, devait se prononcer
naturellement pour les penchans moderes des pays qu'il occupait. Deja on
l'a vu en lutte pour epargner aux Belges les inconveniens de la guerre,
pour les faire participer au profit des approvisionnemens, enfin pour leur
insinuer plutot que leur imposer les assignats. Il n'etait paye de tant de
soins que par les invectives des jacobins. Cambon avait prepare une autre
contrariete a Dumouriez en faisant rendre le decret du 15 decembre. "Il
faut," avait dit Cambon, au milieu des plus vifs applaudissemens, "nous
declarer _pouvoir revolutionnaire_ dans les pays ou nous entrons. Il est
inutile de nous cacher; les despotes savent ce que nous voulons; il faut
donc le proclamer hautement puisqu'on le devine, et que d'ailleurs la
justice en peut etre avouee. Il faut que, partout ou nos generaux
entreront, ils proclament la souverainete du peuple, l'abolition de la
feodalite, de la dime, de tous les abus; que toutes les anciennes
autorites soient dissoutes, que de nouvelles administrations locales
soient provisoirement formees sous la direction de nos generaux; que ces
administrations gouvernent le pays et avisent aux moyens de former des
conventions nationales qui decideront de son sort; que sur-le-champ les
biens de nos ennemis, c'est-a-dire les biens des nobles, de pretres, des
communautes, laiques ou religieuses, des eglises, etc., soient sequestres
et mis sous la sauve-garde de la nation francaise, pour qu'il en soit tenu
compte aux administrations locales, et pour qu'ils servent de gage aux
frais de la guerre, dont les pays delivres devront supporter une partie,
puisque cette guerre a pour but de les affranchir. Il faut qu'apres la
campagne on entre en compte. Si la republique a recu en fournitures plus
qu'il ne faut pour la portion de frais qu'on lui devra, elle paiera le
surplus, sinon on le lui paiera a elle. Il faut que nos assignats, fondes
sur la
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