magogues. On
l'accusait d'avoir volontairement laisse echapper les Autrichiens de la
Belgique; et, remontant meme plus haut, on assurait publiquement qu'il
avait ouvert les portes de l'Argonne a Frederic-Guillaume, qu'il aurait pu
detruire. Cependant les membres du conseil et des comites, qui cedaient
moins aveuglement aux passions demagogiques, sentaient son utilite, et le
menageaient encore. Robespierre meme le defendait, en rejetant tous les
torts sur ses pretendus amis les girondins. On se mit ainsi d'accord pour
lui donner toutes les satisfactions possibles, sans deroger cependant aux
decrets rendus et aux principes rigoureux de la revolution. On lui rendit
ses deux commissaires ordonnateurs Malus et Petit-Jean, on lui accorda de
nombreux renforts, on lui promit des approvisionnemens suffisans, on
adopta ses idees pour le plan general de campagne, mais on ne fit aucune
concession, quant au decret du 15 decembre et a la nouvelle administration
de l'armee. La nomination de Beurnonville, son ami, au ministere de la
guerre, fut un nouvel avantage pour lui, et il put esperer de la part de
l'administration le plus grand zele a le pourvoir de tout ce dont il
aurait besoin.
Il crut un moment que l'Angleterre le prendrait pour mediateur entre elle
et la France, et il etait parti pour Anvers avec cette esperance
flatteuse. Mais la convention, fatiguee des perfidies de Pitt, avait,
comme on l'a vu, declare la guerre a la Hollande et a l'Angleterre. Cette
declaration le trouva donc a Anvers, et voici ce qui fut resolu, en partie
d'apres ses plans, pour la defense du territoire. On convint de porter les
armees a cinq cent deux mille hommes, et on trouvera que c'etait peu, si
on songe a l'idee qu'on s'etait faite de la puissance de la France, et
comparativement a la force a laquelle on les eleva plus tard. On devait
garder la defensive a l'Est et au Midi; demeurer en observation le long
des Pyrenees et des cotes, et deployer toute l'audace de l'offensive dans
le Nord, ou, comme l'avait dit Dumouriez, "on ne pouvait se defendre qu'en
gagnant des batailles." Pour executer ce plan, cent cinquante mille hommes
devaient occuper la Belgique et couvrir la frontiere de Dunkerque a la
Meuse; cinquante mille devaient garder l'espace compris entre la Meuse et
la Sarre; cent cinquante mille s'etendre le long du Rhin et des Vosges, de
Mayence a Besancon et a Gex. Enfin une reserve etait preparee a Chalons,
avec le materiel necessaire pour se
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