a la guerre.
En Suisse, il n'avait pas reussi; mais a La Haye, le docile stathouder,
eprouve par une premiere revolution, se defiant toujours de son peuple, et
n'ayant d'autre appui que les flottes anglaises, lui avait donne toute
espece de satisfaction, et temoignait, par une foule de demonstrations
hostiles, sa malveillance pour la France. C'est surtout en Espagne que
Pitt employait le plus d'intrigues, pour decider cette puissance a la plus
grande faute qu'elle ait jamais commise, celle de se reunir a l'Angleterre
contre la France, sa seule alliee maritime. Les Espagnols avaient ete peu
emus par notre revolution, et c'etaient moins des raisons de surete et de
politique que des raisons de parente et des repugnances communes a tous
les gouvernemens, qui indisposaient le cabinet de Madrid contre la
republique francaise. Le sage comte d'Aranda, resistant aux intrigues des
emigres, a l'humeur de l'aristocratie espagnole, et aux suggestions de
Pitt, avait eu soin de menager la susceptibilite de notre nouveau
gouvernement. Renverse neanmoins en dernier lieu, et remplace par don
Manuel Godoi, depuis prince de la Paix, il laissait sa malheureuse patrie
en proie aux plus mauvais conseils. Jusque la le cabinet de Madrid avait
refuse de s'expliquer a l'egard de la France; au moment du jugement
definitif de Louis XVI, il offrit la reconnaissance politique de la
republique, et sa mediation aupres de toutes les puissances, si on
laissait au monarque detrone la vie sauve. Pour toute reponse, Danton
avait propose la guerre, et l'assemblee adopta l'ordre du jour. Depuis ce
temps, la disposition a la guerre ne fut plus douteuse. La Catalogne se
remplissait de troupes. Dans tous les ports on armait avec activite, et
une prochaine attaque etait resolue. Pitt triomphait donc, et sans se
declarer encore, sans se compromettre trop precipitamment, il se donnait
le temps d'elever sa marine a un etat redoutable, il satisfaisait son
aristocratie par ses preparatifs, il depopularisait notre revolution par
les declamations qu'il payait; et tandis qu'il se renforcait ainsi en
silence, il nous preparait une ligue accablante qui, en occupant toutes
nos forces, ne nous permettrait ni de secourir nos colonies, ni d'arreter
les succes de la puissance anglaise dans l'Inde.
Jamais a aucune epoque on ne vit l'Europe etre saisie d'un pareil
aveuglement, et commettre autant de fautes contre elle-meme. Dans
l'occident, en effet, on voyait l'Espagne, la Holla
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