esse de demander a etre reconnu,
mais il avait garde encore quelque mesure a l'egard de l'Angleterre, dont
la neutralite etait precieuse a cause des ennemis qu'on avait deja a
combattre. Mais apres le 21 janvier il avait mis toutes les considerations
de cote, et il etait decide a une guerre universelle. Voyant que les
hostilites cachees n'etaient pas moins dangereuses que les hostilites
ouvertes, il se hata de faire declarer ses ennemis; aussi, des le 22
janvier, la convention nationale passa en revue tous les cabinets, ordonna
des rapports sur la conduite de chacun d'eux a l'egard de la France, et se
prepara a leur declarer la guerre s'ils tardaient a s'expliquer d'une
maniere categorique.
Depuis le 10 aout, l'Angleterre avait retire son ambassadeur de Paris, et
n'avait souffert l'ambassadeur francais a Londres, M. de Chauvelin, que
comme envoye de la royaute renversee. Toutes ces subtilites diplomatiques
n'avaient d'autre but que de satisfaire aux convenances a l'egard du roi
enferme au Temple, et en meme temps de differer les hostilites, qu'il ne
convenait pas de commencer encore. Cependant Pitt feignit de demander un
envoye secret pour expliquer ses griefs contre le gouvernement francais.
On envoya le citoyen Maret dans le mois de decembre. Il eut avec Pitt un
entretien particulier. Apres de mutuelles protestations, pour declarer que
l'entrevue n'avait rien d'officiel, qu'elle etait tout amicale, et qu'elle
n'avait d'autre motif que le desir bienveillant de contribuer a eclairer
les deux nations sur leurs griefs reciproques, Pitt se plaignit de ce que
la France menacait les allies de l'Angleterre, attaquait meme leurs
interets, et en preuve il cita la Hollande. Le grief principalement
allegue fut l'ouverture de l'Escaut, mesure peut-etre imprudente, mais
genereuse, que les Francais avaient prise en entrant dans les Pays-Bas. Il
etait absurde en effet que, pour procurer aux Hollandais le monopole de la
navigation, les Pays-Bas, que traverse l'Escaut, ne pussent pas faire
usage de ce fleuve. L'Autriche n'avait pas ose abolir cette servitude,
mais Dumouriez le fit par ordre de son gouvernement, et les habitans
d'Anvers virent avec joie des navires remonter l'Escaut jusque dans leur
ville. La reponse etait facile: car la France, en respectant les droits
des voisins neutres, n'avait pas promis de consacrer des iniquites
politiques, parce que des neutres y seraient interesses. D'ailleurs le
gouvernement hollandais s'etait
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