montre assez malveillant pour qu'on ne lui
dut pas de si grands menagemens. Le second grief allegue etait le decret
du 15 novembre, par lequel la convention nationale promettait secours a
tous les peuples qui secoueraient le joug de la tyrannie. Ce decret
imprudent peut-etre, rendu dans un moment d'enthousiasme, ne signifiait
pas, comme le pretendait Pitt, qu'on invitait tous les peuples a la
revolte, mais que dans tous les pays en guerre avec la revolution, on
preterait secours aux peuples contre leurs gouvernemens. Pitt se plaignait
enfin des menaces et des declamations continuelles qui partaient des
Jacobins contre tous les gouvernemens; et sous ce rapport les gouvernemens
n'etaient pas en reste avec les jacobins, et on ne se devait rien en fait
d'injures.
Cet entretien n'amena rien, et laissa voir seulement que l'Angleterre
cherchait des longueurs pour differer la guerre, qu'elle voulait sans
doute, mais qu'il ne lui convenait pas encore de declarer. Cependant le
celebre proces du mois de janvier precipita les evenemens: le parlement
anglais fut soudainement reuni et avant le terme ordinaire. Une loi
inquisitoriale fut rendue contre les Francais qui voyageaient en
Angleterre; la Tour de Londres fut armee; on ordonna la levee des milices;
des preparatifs et des proclamations annoncerent une guerre imminente. On
excita la populace de Londres; on reveilla cette aveugle passion qui, en
Angleterre, fait regarder une guerre contre la France comme un grand
service national; on arreta enfin des vaisseaux charges de grains qui
venaient dans nos ports; et a la nouvelle du 21 janvier, l'ambassadeur
francais, que jusque-la on avait refuse en quelque sorte de reconnaitre,
recut l'ordre de sortir sous huit jours du royaume. La convention
nationale ordonna aussitot un rapport sur la conduite du gouvernement
anglais envers la France, sur ses intelligences avec le stathouder des
Provinces-Unies, et le 1er fevrier, apres avoir entendu Brissot, qui, pour
un moment reunit les applaudissemens des deux partis, elle declara
solennellement la guerre a la Hollande et a la Angleterre. La guerre avec
le gouvernement espagnol etait imminente, et sans etre encore declaree, on
la regardait comme telle. La France avait ainsi l'Europe tout entiere pour
ennemie; et la condamnation du 21 janvier fut l'acte par lequel elle
avait rompu avec tous les trones, et s'etait engagee irrevocablement dans
la carriere de la revolution.
Il fallait soutenir l
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