t que de leur oeuvre, la seule chose qui
devait subsister, c'etait la gloire de la defense, unique et terrible
mission qu'ils avaient recue de la destinee, et qu'ils ne jugeaient pas
eux-memes encore devoir etre la seule.
Cependant, soit l'accablement cause par une longue lutte, soit l'unanimite
des avis sur les questions de guerre, tout le monde etant d'accord pour se
defendre, et meme pour provoquer l'ennemi, un peu de calme succeda aux
terribles agitations produites par le proces de Louis XVI, et on applaudit
encore Brissot dans ses rapports diplomatiques contre les puissances.
Telle etait la situation interieure de la France et l'etat des partis qui
la divisaient. Sa situation a l'egard de l'Europe etait effrayante.
C'etait une rupture generale avec toutes les puissances. Jusqu'ici la
France n'avait eu encore que trois ennemis declares, le Piemont,
l'Autriche et la Prusse. La revolution, partout approuvee des peuples
selon le degre de leurs lumieres, partout odieuse aux gouvernemens selon
le degre de leurs craintes, venait cependant de produire des sensations
toutes nouvelles sur l'opinion du monde, par les terribles evenemens du 10
aout, des 2 et 3 septembre, et du 21 janvier. Moins dedaignee depuis
qu'elle s'etait si energiquement defendue, mais moins estimee depuis
qu'elle s'etait souillee par des crimes, elle avait cesse d'interesser
aussi vivement les peuples, et d'etre consideree avec autant de mepris par
les gouvernemens.
La guerre allait donc devenir generale. On a vu l'Autriche se laissant,
par des liaisons de famille, engager dans une guerre peu utile a ses
interets; on a vu la Prusse dont l'interet naturel etait de s'allier avec
la France contre le chef de l'empire, se portant, par les raisons les plus
frivoles, au-dela du Rhin, et compromettant ses armees dans l'Argonne; on
a vu Catherine, autrefois philosophe, desertant comme tous les gens de
cour la cause qu'elle avait d'abord embrassee par vanite, pour suivre la
revolution a la fois par mode et par politique, exciter enfin Gustave;
l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse, pour les distraire de la
Pologne et les rejeter sur l'Occident; on a vu le Piemont attaquant la
France contre ses interets, mais par des raisons de parente et de haine
contre la revolution; les petites cours d'Italie, detestant notre nouvelle
republique, mais n'osant l'attaquer, la reconnaissant meme a la vue de
notre pavillon; la Suisse gardant une parfaite neutralite, la Holl
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