tion, si la commune ne le
veut pas, cela ne sera pas." Ces insolentes paroles exciterent un grand
tumulte. Cependant l'assemblee, modifiant son decret, ordonna que le roi
pourrait avoir ses deux enfans aupres de lui, mais a condition que les
enfans ne retourneraient plus aupres de leur mere pendant tout le proces.
Le roi, sentant qu'ils etaient plus necessaires a leur mere, ne voulut pas
les lui enlever, et se soumit a cette nouvelle douleur avec une
resignation qu'aucun evenement ne pouvait alterer.
A mesure que le proces s'avancait, on sentait davantage l'importance de la
question. Les uns comprenaient que proceder par le regicide envers
l'ancienne royaute, c'etait s'engager dans un systeme inexorable de
vengeances et de cruautes, et declarer une guerre a mort a l'ancien ordre
de choses, qu'ils voulaient bien abolir, mais non pas detruire d'une
maniere aussi violente. Les autres au contraire desiraient cette guerre a
mort, qui n'admettait plus ni faiblesse ni retour, et creusait un abime
entre la monarchie et la revolution. La personne du roi disparaissait
presque dans cette immense question, et on n'examinait plus qu'une chose,
savoir s'il fallait ou ne fallait pas rompre entierement avec le passe par
un acte eclatant et terrible. On ne voyait que le resultat, et on perdait
de vue la victime sur laquelle allait tomber le coup.
Les girondins, constans a poursuivre les jacobins, leur rappelaient sans
cesse les crimes de septembre, et les presentaient comme des anarchistes
qui voulaient dominer la convention par la terreur, et immoler le roi pour
le remplacer par des triumvirs. Guadet reussit presque a les expulser de
la convention, en faisant decreter que les assemblees electorales de toute
la France seraient convoquees pour confirmer ou revoquer leurs deputes.
Cette proposition, decretee et rapportee en quelques minutes, avait
singulierement effraye les jacobins. D'autres circonstances les
inquietaient bien plus encore. Les federes continuaient d'arriver de
toutes parts. Les municipalites envoyaient une multitude d'adresses dans
lesquelles, en approuvant la republique et en felicitant l'assemblee de
l'avoir instituee, elles condamnaient les crimes et les exces de
l'anarchie. Les societes affiliees reprochaient toujours a la societe-mere
d'avoir dans son sein des hommes de sang qui pervertissaient la morale
publique, et voulaient attenter a la surete de la convention.
Quelques-unes reniaient leur mere, declaraient ne
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