immenses materiaux sur lesquels elle devait
etre etablie. Ses deux defenseurs demanderent a s'en adjoindre un
troisieme, plus jeune et plus actif, qui redigerait et prononcerait la
defense, tandis qu'ils en chercheraient et prepareraient les moyens. Ce
jeune adjoint etait l'avocat Deseze, qui avait defendu Bezenval apres le
14 juillet. La convention, ayant accorde la defense, ne refusa pas un
nouveau conseil, et M. Deseze eut, comme Malesherbes et Tronchet, la
faculte de penetrer au Temple. Une commission y portait tous les jours les
pieces, les montrait a Louis XVI, qui les recevait avec beaucoup de
sang-froid, et comme si ce proces _eut regarde un autre_, disait un
rapport de la commune. Il montrait aux commissaires la plus grande
politesse, et leur faisait servir a manger quand les seances avaient ete
trop longues. Pendant qu'il s'occupait ainsi de son proces, il avait
trouve un moyen de correspondre avec sa famille. Il ecrivait au moyen du
papier et des plumes qu'on lui avait donnes pour travailler a sa defense,
et les princesses tracaient leur reponse sur du papier avec des piqures
d'epingle. Quelquefois on pliait les billets dans des pelotons de fil,
qu'un garcon de l'office, en servant les repas, jetait sous la table;
quelquefois on les faisait descendre par une ficelle d'un etage a un
autre. Les malheureux prisonniers se donnaient ainsi des nouvelles de leur
sante, et trouvaient une grande consolation a apprendre qu'ils n'etaient
point malades.
Enfin M. Deseze avait termine sa defense en y travaillant nuit et jour. Le
roi lui fit retrancher tout ce qui etait trop oratoire, et voulut s'en
tenir a la simple discussion des moyens qu'il avait a faire valoir. Le 26,
a neuf heures et demie du matin, toute la force armee etait en mouvement
pour le conduire du Temple aux Feuillans, avec les memes precautions, et
dans le meme ordre que lors de sa premiere comparution. Monte dans la
voiture du maire, il s'entretint avec lui pendant le trajet avec la meme
tranquillite que de coutume; on parla de Seneque, de Tite-Live, des
hopitaux; il adressa meme une plaisanterie assez fine a un des municipaux,
qui avait dans la voiture le chapeau sur la tete. Arrives aux Feuillans,
il montra beaucoup de sollicitude pour ses defenseurs; il s'assit a leurs
cotes dans l'assemblee, regarda avec beaucoup de calme les bancs ou
siegeaient ses accusateurs et ses juges, sembla rechercher sur leur visage
l'impression que produisait la plaidoirie
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