t. Aux theatres, des voix favorables a Louis XVI s'etaient fait
entendre, a l'occasion de la piece de _l'Ami des lois_. La commune avait
ordonne la suspension de tous les spectacles, mais le conseil executif
avait revoque cette mesure comme attentatoire a la liberte de la presse,
dans laquelle on comprenait la liberte du theatre. Dans les prisons, il
regnait une consternation profonde. On avait repandu que les epouvantables
journees de septembre devaient s'y renouveler, et les prisonniers, leurs
parens, assiegeaient les deputes de supplications, pour qu'on les arrachat
a la mort. Les jacobins, de leur cote, disaient que de toutes parts on
conspirait pour soustraire Louis XVI au supplice, et pour retablir la
royaute. Leur colere, excitee par les delais et les obstacles, en devenait
plus menacante, et les deux partis s'effrayaient ainsi l'un l'autre, en
se supposant des projets sinistres. La seance du 16 avait excite un
concours encore plus considerable que les precedentes. C'etait la seance
decisive, car la declaration de la culpabilite n'etait rien si Louis XVI
etait condamne au simple bannissement, et le but de ceux qui voulaient son
salut etait rempli, puisque tout ce qu'ils pouvaient attendre dans le
moment, c'etait de l'arracher a l'echafaud. Les tribunes avaient ete
envahies de bonne heure par les jacobins, et leurs regards etaient fixes
sur le bureau ou chaque membre allait paraitre pour deposer son vote. Une
grande partie du jour est consacree a des mesures d'ordre public, a
appeler les ministres, a les entendre, a provoquer des explications de la
part du maire, sur la cloture des barrieres, qu'on disait avoir ete
fermees pendant la journee. La convention decrete qu'elles resteront
ouvertes, et que les federes presens a Paris partageront avec les
Parisiens le service de la ville et de tous les etablissemens publics.
Comme la journee etait avancee, on decide que la seance sera permanente
jusqu'a la fin de l'appel nominal. A l'instant ou l'appel nominal allait
commencer, on demande a fixer a quel nombre de voix l'arret doit etre
rendu. Lehardy propose les deux tiers des voix, comme dans les tribunaux
criminels. Danton, qui venait d'arriver de Belgique, s'y oppose fortement,
et requiert la simple majorite, c'est-a-dire la moitie des voix plus une.
Lanjuinais s'expose a de nouveaux orages, en demandant qu'apres tant de
violations des formes de la justice, on observe au moins celle qui exige
les deux tiers des suffrages.
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