succedent a
Saint-Just, et on attend avec impatience que les Girondins prennent la
parole. Ils ne s'etaient pas prononces encore, et il etait temps qu'ils
s'expliquassent. On a deja vu quelles etaient et leurs incertitudes, et
leurs dispositions a s'emouvoir, et leur penchant a excuser dans Louis XVI
une resistance qu'ils etaient plus capables de comprendre que leurs
adversaires. Vergniaud convint devant quelques amis de l'attendrissement
qu'il eprouvait. Sans etre aussi touches peut-etre, les autres etaient
tous disposes a s'interesser a la victime, et dans cette situation, ils
imaginerent un moyen qui decele leur emotion et l'embarras de leur
position: ce moyen etait l'appel au peuple. Se decharger d'une
responsabilite dangereuse, et rejeter sur la nation le reproche de
barbarie si le roi etait condamne, ou celui de royalisme s'il etait
absous, tel etait le but des girondins, et c'etait un acte de faiblesse.
Puisqu'ils etaient touches a la vue de la profonde infortune de Louis XVI,
ils devaient avoir le courage de le defendre eux-memes, et ne devaient pas
provoquer la guerre civile en renvoyant aux quarante-quatre mille sections
qui partageaient la France une question qui allait infailliblement mettre
tous les partis en presence, et soulever les passions les plus furieuses.
Il fallait se saisir fortement de l'autorite, avoir le courage d'en user
soi-meme, sans se decharger sur la multitude d'un soin dont elle etait
incapable, et qui eut expose le pays a une confusion epouvantable. Ici,
les girondins donnerent a leurs adversaires un avantage immense, en les
autorisant a repandre qu'ils fomentaient la guerre civile, et en faisant
suspecter leur courage et leur franchise. Aussi ne manqua-t-on pas de dire
chez les jacobins que ceux qui voulaient absoudre Louis XVI etaient plus
francs et plus estimables que ceux qui voulaient en appeler au peuple.
Mais telle est l'ordinaire conduite des partis moderes; se conduisant ici
comme aux 2 et 3 septembre, les girondins hesitaient a se compromettre pour
un roi qu'ils regardaient comme un ennemi, et qui, dans leur persuasion,
avait voulu les detruire par le fer etranger; cependant, emus a la vue de
cet ennemi vaincu, ils essayaient de le defendre, ils s'indignaient de la
violence commise a son egard, et ils faisaient assez pour se perdre
eux-memes, sans faire assez pour le sauver.
Salles, celui de tous qui se pretait le mieux aux imaginations de Louvet,
et qui meme le surpassait da
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