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guerre civile est chimerique, car la guerre civile n'a pas eclate en
convoquant les assemblees primaires pour nommer une convention qui devait
decider du sort de la France, et on ne parait pas la redouter davantage
dans une occasion tout aussi grave, puisqu'on defere a ces memes
assemblees primaires la sanction de la constitution. On objecte vainement
les longueurs et les difficultes d'une nouvelle deliberation dans
quarante-quatre mille assemblees; car il ne s'agit pas de deliberer, mais
de choisir sans discussions entre les deux propositions presentees par la
convention. On posera ainsi la question aux assemblees primaires: Louis
XVI sera-t-il puni de mort, ou detenu jusqu'a la paix? Et elles repondront
par ces mots: _Detenu_, ou _Mis a mort_. Avec des courriers
extraordinaires, la reponse peut etre arrivee en quinze jours des
extremites les plus eloignees de la France.
Cette opinion avait ete ecoutee avec des dispositions tres diverses.
Serres, depute des Hautes-Alpes, se retracte de sa premiere opinion, qui
etait pour le jugement, et demande l'appel au peuple. Barbaroux combat la
justification de Louis XVI, sans prendre de conclusions, car il n'osait
absoudre contre le voeu de ses commettans, ni condamner contre celui de
ses amis. Buzot se prononce pour l'appel au peuple; toutefois il modifie
l'opinion de Salles, et demande que la convention prenne elle-meme
l'initiative en votant pour la mort, et en n'exigeant des assemblees
primaires que la simple sanction de ce jugement. Rabaut Saint-Etienne, ce
ministre protestant deja distingue par ses talens dans la constituante,
s'indigne de cette cumulation de pouvoirs qu'exerce la convention. "Quant
a moi, dit-il, je suis las de ma portion de despotisme; je suis fatigue,
harcele, bourrele de la tyrannie que j'exerce pour ma part, et je soupire
apres le moment ou vous aurez cree un tribunal qui me fasse perdre les
formes et la contenance d'un tyran.... Vous cherchez des raisons
politiques; ces raisons sont dans l'histoire.... Ce peuple de Londres, qui
avait tant presse le supplice du roi, fut le premier a maudire ses juges
et a se prosterner devant son successeur. Lorsque Charles II monta sur le
trone, la ville lui donna un superbe repas, le peuple se livra a la joie
la plus extravagante, et il courut assister au supplice de ces memes juges
que Charles immola depuis aux manes de son pere. Peuple de Paris,
parlement de France, m'avez-vous entendu?..."
Faure demande le ra
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