pport de tous les decrets portant la mise en jugement.
Le sombre Robespierre reparait enfin tout plein de colere et d'amertume.
"Lui aussi, dit-il, avait ete touche et avait senti chanceler dans son
coeur la vertu republicaine, en presence du coupable humilie devant la
puissance souveraine. Mais la derniere preuve de devouement qu'on devait a
la patrie, c'etait d'etouffer tout mouvement de sensibilite." Il repete
alors tout ce qui a ete dit sur la competence de la convention, sur les
delais eternels apportes a la vengeance nationale, sur les menagemens
gardes envers le tyran, tandis qu'on attaque sans aucune espece de reserve
les plus chauds amis de la liberte; il pretend que cet appel au peuple
n'est qu'une ressource semblable a celle qu'avait imaginee Guadet, en
demandant le scrutin epuratoire; que cette ressource perfide avait pour
but de remettre tout en question, et la deputation actuelle, et le 10
aout, et la republique elle-meme. Ramenant toujours la question a lui-meme
et a ses ennemis, il compare la situation actuelle a celle de juillet
1791, lorsqu'il s'agissait de juger Louis XVI pour sa fuite a Varennes.
Robespierre y avait joue un role important. Il rappelle et ses dangers, et
les efforts heureux de ses adversaires pour replacer Louis XVI sur le
trone, et la fusillade du Champ-de-Mars qui s'en etait suivie, et les
perils que Louis XVI, replace sur le trone, avait fait courir a la chose
publique. Il signale perfidement ses adversaires d'aujourd'hui comme etant
les memes que ses adversaires d'autrefois; il se presente comme expose, et
la France avec lui, au meme danger qu'alors, et toujours par les intrigues
de ces fripons qui s'appellent exclusivement les honnetes gens.
"Aujourd'hui, ajoute Robespierre, ils se taisent sur les plus grands
interets de la patrie; ils s'abstiennent de prononcer leur opinion sur le
dernier roi; mais leur sourde et pernicieuse activite produit tous les
troubles qui agitent la patrie, et pour egarer la majorite saine, mais
souvent trompee, ils poursuivent les plus chauds patriotes sous le titre
de minorite factieuse. La minorite, s'ecrie-t-il, se changea souvent en
majorite, en eclairant les assemblees trompees. La vertu fut toujours en
minorite sur la terre! Sans cela la terre serait-elle peuplee de tyrans et
d'esclaves?
Ils expirerent sur un echafaud. Les Critias, les Anitus, les Cesar, les
Clodius, etaient de la majorite, mais Socrate etait de la minorite, car il
avala la cigue;
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