la republique. Mais
la mort du roi etant une question formidable, il s'agissait de savoir si,
en procedant par la voie de mort contre la royaute, la revolution romprait
sans retour avec le passe, et marcherait par les vengeances et une energie
inexorable au but qu'elle se proposait. Or, si une question aussi terrible
divisait deja si fortement la convention et Paris, il y avait le plus
grand danger a la proposer encore aux quarante-quatre mille sections du
territoire francais. Dans tous les theatres, dans toutes les societes
populaires, on disputait tumultueusement, et il fallait que la convention
eut la force de decider elle-meme la question, pour ne pas la livrer a la
France, qui l'eut peut-etre resolue par les armes.
Vergniaud, partageant a cet egard l'opinion de ses amis, soutient que la
guerre civile n'est pas a craindre. Il dit que dans les departemens les
agitateurs n'ont pas acquis la preponderance qu'une lache faiblesse leur a
laisse usurper a Paris, qu'ils ont bien parcouru la surface de la
republique, mais qu'ils n'y ont trouve partout que le mepris, et qu'on a
donne le plus grand exemple d'obeissance a la loi, en respectant le sang
impur qui coulait dans leurs veines. Il refute ensuite les craintes qu'on
a exprimees sur la veritable majorite qu'on a dit etre composee
d'intrigans, de royalistes, d'aristocrates; il s'eleve contre cette
orgueilleuse assertion que la vertu etait en minorite sur la terre.
"Citoyens, s'ecrie-t-il, Catilina fut en minorite dans le senat romain, et
si cette minorite eut prevalu, c'en etait fait de Rome, du senat et de la
liberte. Dans l'assemblee constituante, Maury, Cazales, furent en
minorite, et s'ils avaient prevalu, c'en etait fait de vous! Les rois
aussi sont en minorite sur la terre; et pour enchainer les peuples, ils
disent aussi que la vertu est en minorite! ils disent aussi que la
majorite des peuples est composee d'intrigans auxquels il faut imposer
silence par la terreur, si l'on veut preserver les empires d'un
bouleversement general."
Vergniaud demande si, pour faire une majorite conforme aux voeux de
certains hommes, il faut employer le bannissement et la mort, changer
la France en desert, et la livrer ainsi aux conceptions de quelques
scelerats.
Apres avoir venge la majorite et la France, il se venge lui-meme et ses
amis, qu'il montre resistant toujours, et avec un egal courage, a tous
les despotismes, celui de la cour et celui des brigands de septembre. Il
les
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