ns la supposition de complots imaginaires,
Salles proposa et soutint le premier le systeme de l'appel au peuple, dans
la seance du 27. Livrant a tout le blame des republicains la conduite de
Louis XVI, et avouant qu'elle meritait toute la severite qu'on pourrait
deployer, il fit observer cependant que ce n'etait point une vengeance,
mais un grand acte de politique que l'assemblee devait exercer; il soutint
donc que c'etait sous le point de vue de l'interet public que la question
devait etre jugee. Or, dans les deux cas, de l'absolution et de la
condamnation, il voyait des inconveniens enormes.
L'absolution serait une cause eternelle de discorde, et le roi deviendrait
un point de ralliement de tous les partis. Le souvenir de ses attentats
serait constamment rappele a l'assemblee pour lui reprocher son
indulgence: cette impunite serait un scandale public qui provoquerait
peut-etre des revoltes populaires, et qui servirait de pretexte a tous les
agitateurs. Les hommes atroces qui avaient deja bouleverse l'etat par
leurs crimes, ne manqueraient pas de s'autoriser de cet acte de clemence
pour commettre de nouveaux attentats, comme ils s'etaient autorises de la
lenteur des tribunaux pour executer les massacres de septembre. De toutes
parts, enfin, on accuserait la convention de n'avoir pas eu le courage de
terminer tant d'agitations, et de fonder la republique par un exemple
energique et terrible.
Condamne, le roi leguerait a sa famille toutes les pretentions de sa race,
et les leguerait a des freres plus dangereux, parce qu'ils etaient moins
deconsideres par leur faiblesse. Le peuple, ne voyant plus les crimes,
mais le supplice, viendrait peut-etre a s'apitoyer sur le sort du roi, et
les factieux trouveraient encore dans cette disposition un moyen de
l'irriter contre la convention nationale. Les souverains de l'Europe
gardaient un morne silence, dans l'attente d'un evenement qu'ils
esperaient devoir soulever une indignation generale, mais des que la tete
du roi serait tombee, tous, profitant de ce pretexte, fondraient a la fois
sur la France pour la dechirer. Peut-etre alors la France, aveuglee par
ses souffrances, reprocherait a la convention un acte qui lui aurait valu
une guerre cruelle et desastreuse.
Telle est, disait Salles, la funeste alternative offerte a la convention
nationale. Dans une situation pareille, c'est a la nation elle-meme a se
decider, et a fixer son sort en fixant celui de Louis XVI. Le danger de l
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