que, pour se rendre supportable, il prodiguait ses tresors aux
anarchistes, et leur fournissait le secours de sa puissante fortune.
L'ombrageux Louvet croyait mieux, et s'imaginait sincerement qu'il
nourrissait toujours l'espoir de la royaute. Sans partager cette opinion,
mais pour combattre la sortie de Thuriot par une autre, Buzot monte a la
tribune. "Si le decret propose par Thuriot doit ramener la confiance,
je vais, dit-il, vous en proposer un qui ne la ramenera pas moins. La
monarchie est renversee, mais elle vit encore dans les habitudes, dans les
souvenirs de ses anciennes creatures. Imitons les Romains, ils ont chasse
Tarquin et sa famille: comme eux, chassons la famille des Bourbons. Une
partie de cette famille est dans les fers, mais il en est une autre bien
plus dangereuse, parce qu'elle fut plus populaire, c'est celle d'Orleans.
Le buste d'Orleans fut promene dans Paris; ses fils, bouillans de courage,
se distinguent dans nos armees, et les merites memes de cette famille la
rendent dangereuse pour la liberte. Qu'elle fasse un dernier sacrifice a
la patrie en s'exilant de son sein; qu'elle aille porter ailleurs le mal
heur d'avoir approche du trone, et le malheur plus grand encore de porter
un nom qui nous est odieux, et dont l'oreille d'un homme libre ne peut
manquer d'etre blessee." Louvet succedant a Buzot, et s'adressant a
d'Orleans lui-meme, lui cite l'exil volontaire de Collatin, et l'engage a
l'imiter. Lanjuinais rappelle les elections de Paris dont Egalite fait
partie, et qui se firent sous le poignard de la faction anarchique; il
rappelle les efforts qu'on a tentes pour nommer ministre de la guerre un
chancelier de la maison d'Orleans, l'influence que les fils de cette
famille ont acquise dans les armees, et, par toutes ces raisons, il
demande le bannissement des Bourbons. Bazire, Saint-Just, Chabot, s'y
refusent, plutot par opposition aux girondins que par interet pour
d'Orleans. Ils soutiennent que ce n'est pas le moment de sevir contre le
seul des Bourbons qui se soit loyalement conduit envers la nation, qu'il
faut d'abord punir le Bourbon prisonnier, faire ensuite la constitution,
et qu'apres on s'occupera des citoyens devenus dangereux; qu'au reste,
envoyer d'Orleans hors de France, c'est l'envoyer a la mort, et qu'il faut
au moins ajourner cette cruelle mesure. Neanmoins le bannissement est
decrete par acclamation. Il ne s'agit plus que de decider l'epoque du
bannissement en redigeant le decre
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