is; la revue des Suisses et des troupes
qui formaient la garnison du chateau le matin du 10 aout; le doublement de
cette garde; la convocation du maire aux Tuileries; enfin, l'effusion du
sang qui avait ete la suite de ces dispositions militaires.
Si l'on n'admettait pas comme naturel le regret de son ancienne puissance,
tout dans la conduite du roi pouvait etre tourne a crime; car sa conduite
n'etait qu'un long regret, mele de quelques efforts timides pour recouvrer
ce qu'il avait perdu. A chaque article le president s'arretait en disant:
_Qu'avez-vous a repondre_? Le roi, repondant toujours d'une voix assuree,
avait nie une partie des faits, rejete l'autre partie sur ses ministres,
et s'etait appuye constamment sur la constitution, de laquelle il assurait
ne s'etre jamais ecarte. Ses reponses avaient toujours ete mesurees. Mais
a cette interpellation: _Vous avez fait couler le sang du Peuple au 10
aout_, il s'ecria d'une voix forte: "Non, Monsieur, non, ce n'est pas
moi!"
On lui montra ensuite toutes les pieces, et, usant d'un respectable
privilege, il refusa d'en avouer une partie, et il contesta l'existence de
l'armoire de fer. Cette denegation produisit un effet defavorable, et elle
etait impolitique, car le fait etait demontre. Il demanda ensuite une
copie de l'acte d'accusation ainsi que des pieces, et un conseil pour
l'aider dans sa defense.
Le president lui signifia qu'il pouvait se retirer. On lui fit prendre
quelques rafraichissemens dans la salle voisine, et, le faisant remonter
en voiture, on le ramena au Temple. Il arriva a six heures et demie, et
son premier soin fut de demander a revoir sa famille; on le lui refusa, en
disant que la commune avait ordonne la separation pendant la duree de la
procedure. A huit heures et demie, lorsqu'on lui annonca le moment du
souper, il demanda de nouveau a embrasser ses enfans. Les ombrages de la
commune rendaient tous les gardiens barbares, et on lui refusa encore
cette consolation.
Pendant ce temps l'assemblee etait livree au tumulte, par suite de la
demande d'un conseil que Louis XVI avait faite. Treilhard, Petion,
insistaient avec force pour que cette demande fut accordee: Tallien,
Billaud-Varennes, Chabot, Merlin, s'y opposaient, en disant qu'on allait
encore differer le jugement par des chicanes. Enfin l'assemblee accorda
un conseil. Une deputation fut chargee d'aller l'apprendre a Louis XVI, et
de lui demander sur qui tomberait son choix. Le roi designa Ta
|